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Covid-19 : quand retrouverons-nous le « monde d’avant » ?

Covid-19 : quand retrouverons-nous le « monde d’avant » ?

Déjà deux ans que la Covid-19 nous tourne autour, ce qui procure stress, anxiété et déprime chez certaines personnes. À quand la fin de cette pandémie ? Des hypothèses qui divergent entre les scientifiques.

Ce sont des propos encourageants qu’a tenu Olivier Véran, ministre de la Santé, début janvier : pour lui, la cinquième vague de Covid-19 serait « peut-être la dernière ». Pour l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la fin de la phase aiguë de la pandémie pourrait avoir lieu dès cette année. Il est vrai que l’arrivée des vaccins l’année dernière (79.7% des Français sont vaccinés) nous avait fait penser que la fin de l’épidémie était proche. Un an plus tard, nous y sommes toujours, avec une flambée des nouveaux cas notamment avec Omicron. Alors, entre antivaxs, variants et pays qui protègent peu leur population, qu’en est-il aujourd’hui ? À quand le retour du « monde d’avant » ?

À quand un retour à la normale ? Plusieurs hypothèses

Apparaissent alors plusieurs hypothèses : celle que nous serons débarrassés de la Covid-19 assez rapidement (la fin de la cinquième vague d’ici à deux mois pour le Professeur Alain Fischer), tandis que pour d’autres, nous en sommes encore bien loin ! Par exemple, pour Jean-Claude Manuguerra, virologue à l’Institut Pasteur, « on est en début de pandémie […] Le Sars-Cov-2 est un virus qui circule depuis deux années, et il a encore beaucoup de personnes à infecter. Pour l’instant, il est clair que le virus va continuer à circuler chez l’homme.« 

Les variants suscitent déjà le débat. D’après Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS, les conditions actuelles sont « idéales » dans le monde pour que d’autres variants apparaissent. Le potentiel d’un variant « plus transmissible et plus mortel » est « très réel« , déclare-t-il. Mais pour Antoine Flahault, épidémiologiste, « les possibilités de mutations vers des variants agressifs pourraient être déjà épuisées, car le répertoire des variants viables ne serait pas infini« .

Vers une endémie : apprendre à « vivre avec le virus »

L’éradication totale du virus semble cependant improbable. Pour certaines maladies, comme la rougeole ou la variole, contracter le virus une seule fois amenait à une immunité à vie : on ne pouvait donc plus l’attraper ni le transmettre. Seuls les nouveaux-nés restaient sensibles à ces maladies. Mais ce n’est pas le cas avec la Covid-19 : des personnes ayant déjà été infectées peuvent l’être à nouveau, tout comme les personnes vaccinées qui peuvent toujours le transmettre. De plus, la Covid se propage également chez les animaux (visons, chats, tigres ou encore lions), qui constituent donc un réservoir de virus et qui pourraient toujours le transmettre à l’homme en cas d’éradication du virus.

La pandémie pourrait par contre bien se transformer en endémie. « Avec l’augmentation de l’immunité dans la population et avec Omicron, il y aura beaucoup d’immunité naturelle en plus de la vaccination […] Nous avancerons rapidement vers un scénario qui sera plus proche de l’endémicité« , pense Marco Cavaleri, chef de la stratégie vaccinale de l’agence européenne des médicaments. La différence ? Nous allons devoir apprendre à vivre avec le virus. D’après l’Office Québécois de la Langue Française (OQLF), une endémie est la persistance habituelle d’une maladie infectieuse et contagieuse dans une région donnée. La maladie y sévit en permanence ou de façon latente et touche une importante partie de la population. Reprenons donc les propos d’Olivier Véran : la cinquième vague de Covid-19 serait peut-être la dernière… de sa phase pandémique. Si le virus devient endémique, il continuera de circuler dans le monde, mais nous serons assez immunisés pour vivre avec : il y aurait ainsi moins d’hospitalisations et de décès. Il n’y aurait plus de progression ou de propagation notable du virus, comme la varicelle en France, présente toute l’année. Selon des immunologistes, virologues et spécialistes des maladies infectieuses interrogés par le magazine Nature en janvier 2021, le virus continuerait à circuler surtout en hiver, dans le cas d’une endémie.

Cependant, il faudrait toujours faire attention si la Covid-19 devenait une pathologie saisonnière. Samuel Alizon, directeur de recherches de maladies infectieuses au CNRS, précise qu' »avec la grippe, on a chaque année une vague de cas et une vague d’hospitalisation » Il faudrait donc des mesures plus fortes (comme le port du masque ou la limitation des rassemblements), en plus des rappels vaccinaux, afin de ne pas saturer le système hospitalier.

Mais pourquoi le virus se stabiliserait-il et deviendrait une endémie ? Grâce à la vaccination… et à Omicron ! En effet, l’augmentation massive du nombre de cas dus au variant, en plus de la stratégie de vaccination en augmentation dans de nombreux pays, conduirait à une immunité naturelle.

Le retour des pandémies ?

Pour autant, toutes les prévisions ne sont pas aussi optimistes. Arnaud Fontanet, épidémiologiste, n’exclut pas « qu’un jour, le virus parte en population animale, s’y multiplie et revienne un peu différent chez l’homme. Et soit à l’origine d’une nouvelle vague épidémique, avec un nouveau variant« .

L’avenir est donc toujours incertain, mais l’arrivée du futur médicament Paxlovid, une pilule à prendre en cas d’urgence, développée par Pfizer et qui réduirait près de 90% des hospitalisations et des décès chez les personnes à risque pourrait peut-être faire avancer la fin de la pandémie… pas du virus.

Seul l’avenir nous le dira ! En attendant, mieux vaut rester prudent et continuer d’appliquer les gestes barrières.