Trois spécialistes de la lutte contre la désinformation appellent tous les utilisateurs de X (anciennement Twitter) à ne pas ouvrir l’application ce vendredi 27 octobre afin de protester contre le devenir de la plateforme.
« Nous appelons les utilisateurs de X à engager […] une grève du tweet, un #notwitterday ». C’est par ces mots que commence la tribune publiée lundi dans le journal Le Monde par Tristan Mendès France (franceinfo), Julien Pain (franceinfo) et Rudy Reichstadt (Conspiracy Watch). Les trois spécialistes de la désinformation invitent donc tous les internautes à ne pas se servir de l’application afin de protester contre ce qu’elle est devenue.
Une « fosse septique »
Depuis son rachat par le milliardaire Elon Musk le 27 octobre 2022, le réseau social Twitter a subi de nombreux et profonds changements qui ne font pas l’unanimité. À commencer par son changement de nom et de logo. Plus contestée encore, la décision d’étendre la « liberté d’expression » sur la plateforme. En clair : autoriser tweets négatifs ou haineux et réactiver les comptes de plusieurs personnes suspendues, comme celui de l’ancien président des États-Unis, Donald Trump.
Dans un tweet au vitriol, l’humoriste Sophia Aram appelle à manifester son mécontentement vendredi afin que Twitter « cesse de se transformer en fosse septique ».
L’usurpation d’identité rendue possible et facile
L’arrivée de Twitter Blue, version payante de Twitter, a également changé la donne. Auparavant, les comptes certifiés (munis d’une coche bleue) étaient vérifiés afin de garantir leur authenticité. Seules les personnalités significatives pouvaient ainsi disposer d’un compte « fiabilisé ». Mais désormais, moyennant le paiement d’une dizaine d’euros par mois (9,60 € pour les utilisateurs de Twitter sur le web, 11 € pour les utilisateurs de l’application), la coche de certification est automatiquement apposée à votre compte, rendant difficile l’identification des comptes vrais ou faux. Cette évolution a généré de nombreuses situations d’usurpation d’identité sur la plateforme.
L’escalade de la désinformation
Pour Samuel Étienne, journaliste pour franceinfo, l’appel lancé dans Le Monde vise à « rappeler ses responsabilités à la plateforme », notamment en matière de désinformation. « Il apparaît […] que la réduction significative des équipes de modération ne permet pas de réagir aussi diligemment qu’il le faudrait s’agissant de la suppression ou de la restriction des contenus qui contreviennent à la législation », explique le manifeste.
Il n’y a qu’à se connecter quelques minutes sur X pour tomber au hasard sur des vidéos violentes ou choquantes, à l’image de barbaries commises au cours du conflit Israélo-Palestinien ou encore de vidéos d’actes sexuels.
Un appel qui ne fait pas l’unanimité
Toutefois, si l’appel a été entendu et signé par une trentaine de personnalités, il ne fait pas l’unanimité au sein du réseau social. Certains internautes dénoncent une volonté de la part des auteurs de la tribune de garder un « contrôle de l’information », lançant parfois un appel contraire : le #YesTwitterDay. « Je tweeterai comme d’habitude », peut-on lire chez certains. « Montrons que la liberté d’expression est quelque chose que l’on ne peut pas interdire », lit-on chez d’autres.
Depuis le rachat de Twitter par Elon Musk en octobre 2022, le réseau social aurait perdu 13 % de ses utilisateurs, d’après une étude relayée par BigTechnology. Plusieurs alternatives, comme Mastodon ou Bluesky, ont également vu le jour pour tenter de concurrencer le 7ᵉ réseau social le plus utilisé en France.