Juliette de Causans, candidate en seconde position sur la liste du parti Écologie au Centre, a récemment créé le buzz avec son affiche de campagne. Quelle est sa vision sur des questions cruciales telles que l’immigration, l’écologie et les problématiques sociales ?
Qui est Juliette de Causans ?
Parmi les figures montantes de ces élections européennes : Juliette de Causans. Interrogée par Focus, elle révèle avoir rejoint la liste Écologie au Centre, menée par Jean-Marc Governatori, ancien candidat à la primaire écologiste pour l’élection présidentielle de 2022. Ancienne macroniste, Juliette de Causans a fondé, en 2024, son propre parti, du nom d’Europe Égalité Écologie. N°2 sur la liste, elle est mère de famille et professeure de français dans un lycée à Reims.
« L’intelligence artificielle, le vrai grand remplacement »
Focus : Ce mois-ci, votre affiche de campagne a suscité des réactions vives. On vous a reproché d’avoir retouché votre photo à l’aide de l’intelligence artificielle, ce que vous avez ouvertement admis. Pourquoi avoir fait ce choix ? Parce que cela représente un élément clé de votre programme ?
Juliette de Causans : « Il faut vraiment replacer la chose dans son contexte : nous avons eu une réflexion au sein du parti. Modifier les affiches avec l’IA, c’est pour montrer qu’il y a un changement sociétal, que nous sommes en train de vivre une révolution numérique, politique, écologique. C’est pour cela que nous avons utilisé l’intelligence artificielle et non pas Photoshop. Avec Jean-Marc Governatori, nous pensons que l’intelligence artificielle représente un danger pour la démocratie, pour l’emploi humain et la gestion humaine. L’humanité est à un tournant et notre projet vise à défendre l’humain. Jean-Marc Governatori parle d’ailleurs de ‘vrai grand remplacement’ dans son dernier livre concernant l’IA. »
« Nous acceptons le nucléaire à titre transitoire »
Focus : Les scientifiques appellent à limiter drastiquement les émissions de gaz à effet de serre d’ici aux prochaines décennies pour limiter les impacts du changement climatique. Quelles actions proposez-vous, si vous arrivez à envoyer des députés au Parlement européen ?
Juliette de Causans : « La France est une très bonne élève concernant ses émissions. Nous sommes pour l’utilisation de l’énergie nucléaire, le temps de trouver une autre source d’énergie propre. Cela implique aussi d’agir pour l’innovation verte au sein du Parlement. »
Focus : À propos des énergies renouvelables, continuerez-vous à défendre leur développement au sein des États membres ?
Juliette de Causans : « Oui, sous réserve que ces énergies ne soient pas une façon de polluer de manière cachée. Elles doivent aussi nous offrir une indépendance énergétique. Nous devons innover pour nous libérer de toute dépendance énergétique qui influence notre démocratie, ainsi que la sécurité nationale et internationale. »
Sécurité en Europe : « Je refuse que des jeunes soient envoyés comme de la chair à canon. »
Focus : La sécurité devient un enjeu majeur de nos sociétés européennes. Quelles seraient vos priorités sur ce sujet ?
Juliette de Causans : « On se retrouve dans une situation très inconfortable avec différents blocs qui se font concurrence. Là, en s’attaquant à l’Ukraine, une étape a été franchie. Nous cherchons toujours à privilégier la diplomatie, à préserver la paix au sein de l’Union européenne pour les Européens. Je veux que les jeunes bénéficient, comme nous, d’une paix durable. J’ai un fils et je refuse qu’on l’utilise comme chair à canon dans des guerres que l’on aurait pu éviter. C’est la jeunesse que je veux protéger.
L’Union européenne a été construite sur les droits humains et la paix, et non sur les bombes et les murs.
Juliette de Causans
Focus : Vous qui mettez l’accent sur la technologie dans votre programme, nous l’avons vu avec l’intelligence artificielle, comment peut-on renforcer la cybersécurité des institutions européennes et des citoyens ?
Juliette de Causans : « Les Russes vivent dans une réalité numérique parallèle. Au niveau européen, nous sommes colonisés par la technologie américaine. Mais il nous faut notre souveraineté numérique. »
« La pauvreté va croître si on ne fait rien sur l’emploi »
Focus : En 2022, 72 millions de personnes vivaient sous le seuil de pauvreté monétaire dans l’Union européenne. Quelles seraient vos mesures pour lutter contre la pauvreté et le chômage ?
Juliette de Causans : « Nous sommes dans une phase que j’appellerai ‘le grand pillage numérique’ : les caissières sont remplacées par des caisses automatiques, les journalistes et les avocats sont aussi en danger. Cela va toucher tout le monde si on ne fait rien face à ces révolutions qui sont en cours. »
« Je suis pour que l’on choisisse les migrations qui apporteront une plus-value »
Focus : Toujours en 2022, environ 7 millions de personnes ont immigré vers l’Union européenne. Pensez-vous que ce chiffre est trop important ?
Juliette de Causans : « Face à des problèmes de croissance et de dette, nous n’avons pas les moyens d’accueillir toute l’immigration. On ne peut pas l’absorber, ni économiquement, ni socialement. Quand il s’agit de personnes qui viennent pour des raisons économiques, nous n’avons pas grand-chose à leur offrir. Je souhaite que l’on sélectionne ces personnes, qu’elles apportent une plus-value économique à nos pays. »
Au niveau européen, on doit renforcer le contrôle des frontières et réformer Schengen.
Juliette de Causans
« Nous allons être confrontés de plus en plus à des réfugiés climatiques et de conflit, mais on ne peut pas accueillir tout le monde. Face à ces changements qui ont lieu, je préfère que l’on offre du développement, que l’on coopère technologiquement via de l’innovation verte plutôt que de lancer des bombes à gauche et à droite. »
Focus : Comment faire pour mieux contrôler nos frontières et les flux migratoires, en considérant l’existence de l’espace Schengen ?
Juliette de Causans : « Il faut renforcer Frontex (l’agence européenne chargée du contrôle des frontières de l’espace Schengen, NDLR). Il nous faut plus de personnel et de moyens technologiques pour surveiller nos frontières, notamment maritimes. On ne peut pas traiter de la même façon un Navalny et une autre personne qui vient avec l’intention de gagner plus d’argent à Paris en vendant des choses. Il faut mettre les états face à leurs responsabilités nationales : c’est aux États de régler la question de l’accueil des migrants. »
« De l’argent a été dépensé n’importe comment »
Focus : En 2022, la dette publique de l’Union européenne s’élevait à 13 milliards d’euros, soit l’équivalent de 83 % du PIB de l’Union. Comment proposez-vous de gérer ce niveau de dette sans compromettre la croissance économique ?
Juliette de Causans : « Les citoyens doivent-ils payer via une dégradation des services publics ? Je ne le pense pas. Il ne faut pas pénaliser l’hôpital et l’éducation. Nous payons des cotisations sociales énormes, parmi les prélèvements obligatoires les plus importants d’Europe, et nous nous retrouvons sans prise en charge adéquate dans les hôpitaux publics. »
« La jeunesse doit voter pour nous, car nous comprenons ce qu’elle vit »
Focus : Pourquoi la jeunesse devrait-elle voter pour vous et que prévoyez-vous pour elle ?
Juliette de Causans : « Nous avons compris le monde dans lequel nous vivons. Ce que nous offrons, c’est un plan d’avenir et d’action. Nous avons élaboré plus d’une centaine de mesures précises et réfléchies. La jeunesse devrait plutôt faire confiance à un projet et cesser de se laisser tromper par la démagogie de ceux qui sont au pouvoir depuis des années sans rien comprendre. Nous proposons que le programme Erasmus soit élargi, des billets de train jeunes européens à tarif très abordable, la reconnaissance automatique des diplômes. Je propose également de mieux respecter les jeunes parents à l’échelle européenne : avec Jean-Marc Governatori, notre liste propose une meilleure parentalité. De la jeunesse à la vieillesse, l’Union européenne doit aider à vivre de manière humaine. »