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Elections américaines : un débat qui profite à Kamala Harris

Elections américaines : un débat qui profite à Kamala Harris

Elections américaines : un débat qui profite à Kamala Harris

C’est au Centre National de la Constitution, à Philadelphie, que Kamala Harris et Donald Trump ont débattu ensemble pour la première fois sur ABC News, mardi, à 21 heures, heure locale. Donald Trump avait débattu, en juin, face à un Joe Biden hésitant, cherchant ses mots. Ce débat est donc un évènement très important, à deux mois du scrutin.

Kamala Harris jugée gagnante

Dès le début du débat, Kamala Harris a pris l’initiative d’aller serrer la main de Donald Trump, qui s’était déjà positionné devant son pupitre. La candidate démocrate a donc fait une entrée remarquée dans le débat. Par la suite, elle a utilisé des arguments efficaces et a présenté certaines parties de son programme, insistant notamment sur les « familles », et les « petites entreprises ». Elle s’en est aussi prise à l’ancien président américain, lorsque la situation s’y prêtait, dénonçant ses « mensonges » à répétition, et n’hésitant pas à dire, par exemple, que « les dirigeants du monde entier se moquent de Donald Trump ». Elle a aussi taclé son adversaire, après certaines fausses informations utilisées par le républicain, en disant « je vous avais dit qu’on allait entendre des mensonges », ou encore, « voilà pourquoi j’ai obtenu le soutien de 200 républicains. ». Ainsi, pendant le débat, Kamala Harris s’est montrée offensive et a détaillé une partie de son programme, sans se laisser déborder par le candidat républicain, pourtant très à l’aise dans ce genre d’exercice.

Face à elle, Donald Trump s’est montré moins offensif, puisqu’il devait à chaque fois répondre aux attaques de la vice-présidente américaine. Il a globalement donné moins de détails sur ses mesures, et a montré son manque de préparation sur certains sujets comme celui de l’ObamaCare, le système d’assurance maladie américain, qu’il souhaite améliorer sans savoir encore comment. Dans ses défenses, il n’a pas su trouver comment répondre à son adversaire, la qualifiant par exemple de « marxiste », et reprenant le bilan de Joe Biden, en la désignant parfois comme responsable. L’inflation a notamment été un thème qui a eu son importance dans la défense de Donald Trump, arguant qu’il n’aurait jamais laisser les prix s’envoler ainsi et que, sous sa présidence, cela ne serait pas arrivé. A l’image de cet argument, qui néglige la dimension internationale de la crise actuelle, Donald Trump a utilisé de fausses informations, dont la plus marquante est celle disant que les migrants, dans la ville de Springfield, « mange des chiens et des chats ». Malgré le démenti fait par les présentateurs, qui avaient contacté le maire de la ville, Donald Trump a expliqué que « des gens le disent à la télévision ». Habituellement très à l’aise dans ce genre de d’exercice, Donald Trump a semblé subir ce débat, se laissant déstabiliser par la candidate démocrate très bien préparée.

C’est donc Kamala Harris qui est sortie gagnante du débat. Selon un sondage mené par CNN, 63% des spectateurs estiment que la vice-présidente américaine a gagné le débat. Rappelons que le premier débat, en juin, opposant Joe Biden à Donald Trump, avait vu le candidat républicain s’imposer très largement, puisque 67% des spectateurs l’avaient jugé vainqueur.

En résumé : un débat plutôt en surface et certains thèmes négligés

Durant le débat, l’économie, l’immigration et les questions internationales ont été traitées, mais le temps de parole consacré aux questions de l’avortement, de la sécurité, ou encore du climat a été bien plus faible. Le sujet de l’éducation, lui, n’a même pas été évoqué, mise à part dans le cadre des hausses de prix, et donc, des loyers.

Le débat a débuté avec l’économie. Sur ce sujet, Kamala Harris a tenu à faire des propositions, sans parler du bilan du président. Elle a aussi critiqué des mesures prises sous la présidence de Donald Trump. En réponse, le candidat républicain a vanté son bilan, et a expliqué vouloir augmenter les droits de douane face, notamment, à la Chine. Il a également indiqué vouloir limiter l’immigration, qui, selon lui, voleraient des emplois aux Américains. Par la suite, le débat a un peu dévié, même si Donald Trump est brièvement revenu sur le bilan économique de Joe Biden. Kamala Harris, quant à elle, ne s’est pas attardée sur le bilan économique du président Biden, mais a proposé différentes mesures. Donald Trump n’a pas appuyé sur le bilan du président, et s’est même vu critiqué par les présentateurs, lui expliquant que selon les économistes, son programme n’était pas viable.

Par la suite, c’est la question de l’avortement, que Donald Trump avait soumis à l’appréciation des états sous sa présidence, qui a été l’objet du débat. Le candidat républicain a tout de suite caricaturé la position démocrate, expliquant qu’ils voulaient « l’avortement au 9ème mois », mais sa position a été plus nuancée que dans ses précédentes campagnes, expliquant que chaque état décidait. Harris a ainsi critiqué ce qu’a fait Donald Trump sous sa présidence, en expliquant que désormais, aux Etats-Unis, des femmes devaient aller à l’étranger pour recourir à certains soins, et que certains couples ne pouvaient plus recourir à la fécondation in vitro. Face à cela, Donald Trump s’est qualifié de « leader » quant à la fécondation in vitro. Ainsi, l’avortement a été un sujet important pendant le débat mais le temps de parole lui étant consacré est resté assez faible.

Ensuite, c’est l’immigration qui a été largement débattue. Kamala Harris a évoqué un texte pour sécuriser les frontières, qui n’a pas été voté par les Républicains. Elle a accusé directement l’ancien président d’avoir donné une position aux sénateurs de son camp. Le débat a ensuite dévié sur les meetings, avant de revenir sur l’immigration avec la fausse information majeure dite par Donald Trump, sur les chiens et les chats qui seraient mangés par des migrants. Le candidat républicain a expliqué que les Etats-Unis allaient devenir « le Venezuela fois 10 », car, selon lui, les criminels vénézuéliens viennent aux Etats-Unis. Kamala Harris a rappelé que Donald Trump était « poursuivi en justice » pour plusieurs raisons. L’ancien président a dès lors expliqué que les démocrates utilisent la justice comme une arme politique, les accusant même d’être responsables de la tentative d’assassinat qui l’a visé. Donald Trump s’est ensuite vanté du bilan de sa présidence et de sa réussite personnelle. Ainsi, la partie sur l’immigration a occupé une grande partie du débat, même si elle a dévié vers d’autres sujets.

Les journalistes sont ensuite revenus sur le 6 janvier 2021, date de l’assaut du Capitole, qui a eu lieu juste après un discours de Donald Trump. Ce dernier a expliqué n’avoir « aucun lien » avec les évènements qui se sont déroulés, et a désigné « Nancy Pelosi », alors présidente du Congrès, ainsi que le « maire de Washington D.C. » comme responsables, car ils devaient, selon lui, assurer la sécurité. Selon la vice-présidente, il est évident que Donald Trump a encouragé l’assaut du Capitole. Elle a tenu à rappeler d’autres évènements avant d’expliquer vouloir « tourner la page » de ces attaques contre la démocratie.

Le débat s’est ensuite porté sur les élections précédentes, qui ont porté Joe Biden au pouvoir. Donald Trump n’a toujours pas reconnu sa défaite et explique qu’il a les « preuves » de sa victoire. Selon lui, il a été crédité de beaucoup moins de voix qu’en réalité. Harris a rétorqué qu’il avait été « renvoyé par 81 millions de personnes » et que « les dirigeants du monde entier » se moquent de lui. Face à cela, l’ex-président a expliqué que Victor Orban, le président hongrois, le soutenait. Ainsi, Donald Trump ne reconnait toujours pas sa défaite aux élections de 2020.

Le débat a ensuite abordé les questions internationales avec la guerre au Proche-Orient. Kamala Harris a rappelé qu’Israël avait le droit de se défendre, mais d’une manière moins violente envers les civils. Elle a rajouté que les Etats-Unis donneront toujours « la capacité à Israël de se défendre, notamment face à l’Iran », et s’est dite favorable à une solution à deux états. Donald Trump a ensuite répondu en expliquant que la guerre n’aurait pas eu lieu s’il avait été au pouvoir et qu’ « Israël risque de disparaître en 2 ans si elle est élue ». Par ailleurs, selon lui, les sanctions qu’il avait imposées à l’Iran ont été levées. Kamala Harris a ensuite sous-entendu que Donald Trump était un allié de Vladimir Poutine et de Kim Jong Un. Contre cet argument, l’ex-président, s’est appuyé sur le soutien apporté par Vladimir Poutine à Kamala Harris pour la discréditer. Ainsi, la guerre au Proche-Orient a été rapidement évoquée, et la position de Donald Trump est floue.

Sur la guerre en Ukraine, Donald Trump n’a jamais dit vouloir la victoire de l’Ukraine, expliquant simplement souhaiter la fin de la guerre, qu’il « arrêterai immédiatement ». Il a notamment expliqué que les Etats-Unis donnaient trop de moyens comparé à l’Europe. Kamala Harris a ensuite évoqué ses rencontres avec le président ukrainien, et a expliqué qu’avec Donald Trump président, « Poutine serait à Kiev ». Donald Trump a nié, et a rappelé que la Russie avait « l’arme nucléaire ».

Le débat a ensuite porté sur le retrait américain d’Afghanistan, en août 2021. Harris a défendu cette opération, alors que Trump a expliqué qu’il aurait fallu faire différemment.

Sur les questions raciales, Donald Trump s’est mis un peu plus en retrait, alors que Kamala Harris a expliqué que l’ancien président cherche à diviser sur ce sujet. Elle a rappelé certaines affaires concernant Donald Trump, qui a dévié sur l’économie pour éviter ces questions.

Sur l’ObamaCare, le système d’assurance maladie américain, Donald Trump a expliqué qu’il fallait l’améliorer et qu’il devrait coûter moins cher, en expliquant qu’il réfléchissait encore avec ses équipes. Kamala Harris a expliqué, au contraire, vouloir renforcer ce système.

Le changement climatique a été le sujet du débat pendant moins de 5 minutes, alors que la confrontation a duré plus d’une heure et demie. Kamala Harris a expliqué que ce sujet concernait les jeunes et a expliqué que, sous la présidence de Joe Biden, 1000 milliards de dollars avaient été investis pour développer les énergies renouvelables. La relocalisation a aussi été évoquée, la démocrate expliquant que 800 000 emplois industriels avaient été créés. Donald Trump affirme qu’actuellement, ce sont 10 000 emplois industriels qui disparaissent chaque mois. Il a ensuite dévié de sujet, expliquant que Joe Biden était corrompu par la Chine et l’Ukraine. Ainsi, le changement climatique n’a pas vraiment été évoqué pendant le débat. Lors des élections précédentes, Joe Biden en avait pourtant fait un enjeu de la campagne.

Ainsi, le débat a tourné sur les questions économiques et migratoires notamment. Les sujets ont surtout été traités en surface, comme c’est souvent le cas lors d’un débat, et les candidats changeaient rapidement de sujet, en s’étendant sur la personnalité ou les affaires de l’un et de l’autre. Donald Trump ayant refusé de débattre à nouveau, aucune autre confrontation ne devrait permettre de clarifier les positions.

Kamala Harris soutenue par Taylor Swift

Après le débat, au cours duquel Kamala Harris a impressionné, des soutiens se sont rendus publics, et notamment Taylor Swift. La chanteuse américaine a posté sur son Instagram une photo d’elle avec un chat dans les bras, accompagnée d’un long texte.

Capture d’écran du post Instagram de Taylor Swift

Dans son texte, Taylor Swift explique qu’elle va voter pour Kamala Harris et son colistier, Tim Walz, qui défendent des causes qui lui sont chères, notamment concernant les droits des femmes. Elle appelle les jeunes Américains à s’inscrire sur les listes électorales, et à se renseigner avant de voter. Aux Etats-Unis, c’est sur le site vote.org qu’il faut se rendre pour s’inscrire sur les listes électorales. A la fin de son message, la chanteuse américaine signe « Taylor Swift. Femme à chat sans enfant ». Cette signature est une référence faite à J.D. Vance, le colistier de Donald Trump, qui avait expliqué à la chaîne de télévision américaine Fox News, en 2021, que les Etats-Unis étaient dirigés par « une bande de femmes à chat sans enfants qui sont malheureuses au sujet de leur propre vie et des choix qu’elles ont fait », en prenant notamment pour exemple Kamala Harris, la vice-présidente, et Alexandria Ocasio-Cortez, élue à la Chambre des Représentants. La signature du message de Taylor Swift est donc tout un symbole, et une critique à peine dissimulée de la vision des femmes et de la famille par le potentiel futur vice-président américain.

Il s’agit d’un soutien de taille pour Kamala Harris car la star aux 284 millions d’abonnés sur Instagram est particulièrement populaire chez les jeunes américains, et donc chez ceux qui votent pour la première fois, les primo-votants. En 2018, alors que la chanteuse avait procédé de la même manière pour une élection qui se déroulait dans le Tennessee, le site vote.org avait reçu plus de 250 000 visites en trois jours, montrant l’impact qu’une personnalité publique comme Taylor Swift peut avoir sur une élection. Ce soutien lance aussi une réelle dynamique dans la campagne de Kamala Harris, alors que jusque ici, c’était plutôt la campagne de Donald Trump qui avait une vraie dynamique, après la tentative d’assassinat largement utilisée par l’ancien président pour sa communication.