De vendredi à dimanche, la tempête Boris a frappé l’Europe Centrale, et a fait au moins 18 morts. En plus de cela, les pluies très intenses ont provoqué des inondations, qui ont détruit des habitations. Rien qu’en Roumanie, environ 6500 familles auraient perdu leurs biens. Ces évènements extrêmes paraissent de plus en plus intenses et extrêmes, mais est-ce réellement le cas ?
Des tempêtes qui semblent plus fréquentes et plus intenses
Comparons le nombre de tempêtes ayant frappé l’Europe entre 2000 et 2009 et entre 2010 et 2019. Ces périodes sont rapprochées, car les relevés plus anciens sont moins précis. Pendant la première période, 7 tempêtes ont été recensées en Europe, tandis que pendant la seconde période, ce sont 19 tempêtes qui ont été recensées. Rien que sur cette période, on constate donc une réelle augmentation de la fréquence des tempêtes, qui sont devenues plus nombreuses et fréquentes. En revanche, la première période étudiée comptait peu de tempêtes, même par rapport aux décennies précédentes. Il faut donc être nuancé sur l’augmentation de la fréquence des tempêtes car cela varie beaucoup.
Au niveau de l’intensité, on peut comparer la vitesse maximale des tempêtes. Entre 2000 et 2009, sur six tempêtes dont on connaît la vitesse maximale des vents, on peut déduire la moyenne de ceux-ci, et cela atteint la vitesse de 198,5km/h. La tempête la plus importante a entraîné des vents allant jusqu’à 250km/h. Sur la période s’étendant de 2010 à 2019, sur 16 tempêtes dont les vitesses maximales des vents ont été relevées, on obtient la moyenne de vitesse maximale, qui vaut 201,5km/h. Durant cette période, le vent maximal enregistré a atteint la vitesse maximale de 266km/h. Ainsi, même si la vitesse moyenne des vents maximaux n’a augmenté que de 3km/h entre les deux périodes, la vitesse maximale atteinte par les vents a augmenté de 16km/h.
Entre 2000 et 2019, les tempêtes qui ont touché l’Europe ont donc été bien plus fréquentes, et un peu plus intenses. Certaines causes sont naturelles, quand d’autres relèvent du réchauffement climatique.
Comment le réchauffement climatique impacte-t-il l’évolution des tempêtes ?
A première vue, il semble y avoir une augmentation de la fréquence et de l’intensité des tempêtes. Nous serions tentés d’attribuer cette évolution au réchauffement climatique, mais la réalité est un peu plus nuancée.
En ce qui concerne la fréquence, Météo-France explique qu’ « il n’existe pas de consensus scientifique clair sur l’effet du changement climatique sur l’évolution de la fréquence des tempêtes en France ». Cependant, selon le GIEC, relayé par Météo-France, le réchauffement climatique pourrait amplifier la fréquence des tempêtes, et notamment des tempêtes violentes, à l’avenir, dans certaines zones : « La fréquence et l’amplitude des vents forts et des tempêtes extratropicales devraient légèrement augmenter dans le nord, l’ouest et le centre de l’Europe d’ici la fin du siècle ». Ainsi, selon différents organismes spécialisés, la fréquence des tempêtes est assez peu concernée par le réchauffement climatique, mais pourrait l’être légèrement, à l’avenir.
En revanche, l’intensité des tempêtes est, elle, plus impactée par le réchauffement global de la Terre. En effet, l’intensité des tempêtes devrait évoluer localement. Selon Météo-France, « la fréquence des tempêtes y compris des cyclones, devrait diminuer dans les régions méditerranéennes, mais leur intensité devrait augmenter d’ici le milieu du siècle et au-delà ». Par ailleurs, plus globalement, les zones littorales devraient aussi être touchées par plus de submersions marines lors des tempêtes, à cause de l’élévation du niveau de la mer. Plus globalement, les quantités de pluie lors des tempêtes devraient augmenter. Le météorologue Christophe Cassou explique notamment, sur X, « Pour une même tempête, les précipitations sont plus fortes aujourd’hui car l’atmosphère plus chaude contient plus d’eau potentiellement précipitable ». Cela peut donc causer des inondations, ou des crues, plus importantes qu’auparavant. Dans le cadre de la tempête Boris, le Danube a par exemple connu une crue très importante. Ainsi, les tempêtes pourraient gagner en intensité, notamment en ce qui concerne les quantités de pluie.
Comment se préparer face à ces évènements potentiellement plus intenses ?
Si on compare cette fois-ci le bilan humain entre les deux périodes comparées au début, on a 117 morts entre 2000 et 2009 en Europe et 190 entre 2010 et 2019. Sur la première période, toutes les tempêtes ont été mortelles, et, en moyenne, il y a eu environ 17 morts par tempête. Entre 2010 et 2019, 13 des 19 tempêtes recensées ont été mortelles, et il y a eu en moyenne 10 morts par tempête. Le bilan humain dépend en partie de la préparation des Etats et populations à ces évènements climatiques extrêmes.
Actuellement, dans les pays européens, les constructions peuvent résister face à des vents violents. Malgré tout, on voit, parfois, des toitures s’envoler lors de certaines tempêtes, y compris en France. En ce qui concerne les constructions, ce sont surtout les crues, qui peuvent survenir lors de tempêtes, qui sont un danger. En effet, elles causent de nombreux dégâts sur le mobilier urbain, sur les habitations et les différentes constructions. En général, les habitations deviennent inhabitables pour plusieurs semaines ou plusieurs mois, mais il arrive qu’elles le soient définitivement. Ainsi, en Europe, les constructions sont généralement résistantes face aux tempêtes et aux potentielles crues qu’elles peuvent engendrer. En revanche, le risque majeur est la noyade au sein des habitations. Cela a été le cas, par exemple, pour un couple d’autrichiens, lors de la tempête Boris.
Par ailleurs, le risque majeur est de se retrouver piégé dans une rue par les vents violents ou la montée des eaux. En effet, certaines personnes peuvent trouver la mort dans leur voiture ou en étant emporté par le courant. Ce risque reste présent et ne peut pas être complètement évité, car les Etats mettent déjà en place des mesures pour prévenir les populations.
Pour se préparer au mieux à l’arrivée d’une tempête, les Etats mettent aussi en place certains dispositifs plus particuliers. Dans le cadre de la tempête Boris, qui était prévue quelques jours à l’avance, les Etats ont pu se préparer au mieux face aux vents violents, mais surtout face aux inondations et aux crues. Outre les barrières anti-inondations et les sacs, des villes tchèques ont été évacuées avant la tempête, évitant ainsi de potentiels blessés ou morts. L’Autriche, avant l’évènement, a aussi mobilisé 1000 soldats pour qu’ils puissent intervenir si besoin. La Slovaquie a aussi mis en alerte l’armée. Du côté des barrages, les autorités des différents pays ont décidé de les surveiller étroitement pour éviter tout risque. Avant la tempête, les vannes des différents barrages ont notamment été ouvertes afin de faire baisser le niveau d’eau des réservoirs, pour permettre de contenir une partie de l’eau pendant les crues.
Ainsi, les pays européens se préparent assez efficacement face aux tempêtes. Les constructions pourraient être plus optimisées pour être plus résilientes face à ces évènements, mais c’est surtout la prévention des populations et la détection des évènements extrêmes qui permettront d’éviter des pertes humaines, et de réduire les dégâts matériels. Aujourd’hui, on dénombre 21 morts dans le cadre de la tempête Boris, alors même que les évènements sont très intenses. Même s’il y a des progrès à faire, la détection de la tempête a eu lieu assez tôt et a permis de mettre en place des mesures de prévention efficaces, qui ont sans doute limité les pertes humaines.