Que le prochain gouvernement « réunisse les conditions pour être le plus stable possible ». Après cinquante-et-un jours sans premier ministre, c’est finalement Michel Barnier qu’Emmanuel Macron a choisi de nommer à la tête du gouvernement. Semblant être le seul à répondre aux critères du président, ce mariage arrangé, parait tout de même plus difficile que ce qu’espérait le Chef de l’Etat.
Une entente impossible ?
Depuis le premier mandat d’Emmanuel Macron, le désormais nouveau premier ministre, a critiqué à plusieurs reprises la manière dont le président gouvernait l’État français. Il qualifiait notamment sa manière de travailler de « trop solitaire », le définissant comme « arrogant » et manquant d’« humilité ». Après le premier quinquennat d’Emmanuel Macron, Michel Barnier, dénonçait à nouveau la politique trop « verticale » du gouvernement Macron :
Notre pays n’a pas été bien gouverné : le président doit présider, le gouvernement doit gouverner, le Parlement doit être écouté et respecté.
Il n’a pas non plus hésité a accuser le président de la République du « grand déclassement de la France », le tenant pour « responsable de l’effondrement de notre commerce extérieur, de l’explosion de notre dette et de notre déficit, du chômage, de l’insécurité… ». Les relations Barnier-Macron, semblaient d’ores et déjà partir sur de mauvaises bases.
Barnier, une évidence pour Emmanuel Macron ?
Michel Barnier a finalement coché toutes les cases pour Emmanuel Macron. Contrairement à Xavier Bertrand ou Bernard Cazeneuve, il a peu de chance d’être censuré, puisqu’il est mieux accueilli par l’extrême droite et permet surtout la participation des Républicains à une coalition de gouvernement. En plus de cela, Michel Barnier est politiquement compatible avec le chef de l’État. L’ancien député ne propose ni d’abroger la réforme des retraites, grandement défendue par le camp Macron, ni de revenir sur la loi immigration comme le voudrait la gauche.
Les deux hommes se rejoignent également sur leur attachement européen. Michel Barnier, ayant occupé plusieurs postes importants au sein de l’Union Européenne, ils devraient trouver un terrain d’entente à ce niveau. Enfin en 2021, dans La Dépêche, le nouveau premier ministre promettait de relancer l’économie française et de faire du « travail » sa « priorité », une promesse qui suit le fil rouge du Président de la République.
Le début des tensions
Ce jeudi, le premier ministre a transmis à Emmanuel Macron une première liste de ses futurs ministres. Seulement, sur cette liste figurent un grand nombre de républicains et très peu de figures du bloc central. « Il ne s’agit pas d’un gouvernement de rassemblement » aurait déclaré le Président. Emmanuel Macron, exigeant voir plus de figures de son parti, a refusé la liste du premier ministre qu’il juge « monocolore ».
Michel Barnier pensait pouvoir tirer profit de cette coalition pour mettre les Républicains sur le devant de la scène et peu à peu évincer le camp présidentiel. Depuis, les relations entre les deux hommes seraient très mauvaises, certains craignent une démission de Michel Barnier.
Je suis un peu inquiet… Cela peut péter.
Si la rumeur d’une démission de Michel Barnier a finalement été démentie par l’entourage d’Emmanuel Macron, les tensions autour de la composition du gouvernement demeurent entre Matignon et l’Élysée.
Compte tenu des modifications souhaitées par Emmanuel Macron, le nouveau gouvernement n’a finalement pas été dévoilé vendredi pour permettre des « derniers ajustements ».