Succès en salles et sur Youtube, « Kaizen » débarque ce 28 septembre sur TF1+ et en direct sur TF1 le 8 octobre. Faut-il désormais compter sur les influenceurs pour séduire les jeunes audiences et les attirer vers les chaînes de télévision traditionnelles ?
Une convergence des médias
Dans Kaizen, Inoxtag, 22 ans, se lance le défi de gravir l’Everest en l’espace d’un an alors qu’il n’a aucune expérience de l’alpinisme. Le 13 septembre dernier, 340.000 spectateurs s’étaient précipités dans les salles pour visionner le documentaire, la veille de sa mise en ligne sur YouTube. Quelques semaines plus tard, celui-ci sera diffusé sur TF1 le 8 octobre juste après « Koh-Lanta ». Si cette diffusion peut surprendre, le rapprochement entre le monde des influenceurs et celui de la télévision n’est pas nouveau. D’un côté, les influenceurs, se professionnalisent et développent des formats plus élaborés, s’inspirant des codes de la télévision. De l’autre, les chaînes traditionnelles s’adaptent en proposant des contenus plus courts, plus interactifs et s’intéressent aux personnalités influentes des réseaux sociaux. En mars 2024, Michou avait, par exemple, lancé une version 100% digitale de l’émission Danse avec les stars, déclinée à la fois sur TF1+ et sur sa chaîne Twitch. De son côté, France 2 avait diffusé en fin d’année 2023 L’Interview Face Cachée, un format d’entretien que le journaliste et vidéaste Hugo Décrypte produit d’ordinaire pour sa chaîne YouTube.
Le choix des invités peut, lui aussi, créer un pont entre les univers de YouTube et de la télévision. L’Émission de Mcfly & Carlito diffusée en 2020 sur TMC comprenaient par exemple des invités que le public est habitué à voir à la télé, tels que Dany Boon ou Michaël Youn. Avec ces formats, les chaînes entendent attirer la jeunesse qui a délaissé les programmes linéaires pour s’informer et se divertir sur YouTube et les réseaux sociaux. L’idée pour les chaînes de télévision semble être de diffuser sur différents supports, plateforme de streaming ou télévision, du contenu susceptible d’intéresser les jeunes.
Un modèle économique en mutation
Cette convergence s’explique en partie par l’évolution des modes de consommation : on passe de plus en plus d’une consommation linéaire, où l’on suit un programme à une heure précise sur une chaîne donnée, à une consommation délinéaire, où l’on choisit quand et où regarder un contenu, à la demande. Pour Jean-David Blanc, fondateur du service de télévision en ligne Molotov, la télévision linéaire reste selon lui incontournable, seule façon pour les chaînes de continuer à s’imposer comme « une marque et un repère » auprès des téléspectateurs.
Mais, si la télévision linéaire reste un pilier du paysage audiovisuel, son modèle économique est en pleine mutation. La publicité s’incruste de plus en plus dans les vidéos en replay mais les volumes restent dérisoires par rapport à ceux de la télévision linéaire. L’essor du streaming, la multiplication des plateformes et la fragmentation des audiences obligent les chaînes à repenser leur façon de faire.
On constate ainsi une hybridation entre les différents canaux de diffusion. En mêlant télévision et numérique, les créateurs de contenus et les chaînes de télévision s’adaptent à des habitudes de consommation en constante évolution qui offrent de nouvelles perspectives pour l’industrie audiovisuelle, mais pose également de nouveaux défis en termes de production, de diffusion et de monétisation.