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Mort du petit Émile : une longue affaire encore remplie de mystères

Mort du petit Émile : une longue affaire encore remplie de mystères

Mort du petit Émile : une longue affaire encore remplie de mystères

C’est en juillet dernier que le petit garçon de deux ans et demi, en vacances chez ses grands-parents, s’est volatilisé. Ce samedi, des ossements dont l’ADN correspond à celui d’Émile ont été retrouvés à proximité du lieu de disparition. Récit chronologique de ce qu’il faut retenir de cette affaire.

Sa disparition en juillet 2023

Le 8 juillet, Émile est en vacances chez ses grands-parents au Vernet, dans les Alpes-de-Haute-Provence. Sa mère, résidant dans les Bouches-du-Rhône, l’a déposé la veille chez ses parents. L’enfant de deux ans et demi est sorti jouer dans le jardin de la maison après sa sieste. Mais alors que ses grands-parents souhaitent l’emmener faire une activité, un peu avant 18h, ils ne le trouvent pas.

Après près de 40 minutes de recherche, ils signalent, à 18h12, sa disparition à la gendarmerie. Un important dispositif de recherche (gendarmes, pompiers, hélicoptères, drones et une centaine de bénévoles) est alors déployé dans un rayon de 5 km autour du domicile des grands-parents.

Une première piste avancée par deux témoins

Selon deux témoins, l’enfant aurait quitté seul la maison vers 17h15 avant d’être aperçu dans une rue en contrebas du hameau où se trouve le domicile. Le Haut-Vernet est un tout petit village de 25 habitants, en impasse. Mais il est surtout en terrain escarpé, alors la thèse de la chute est d’abord évoquée, même si les thèses de l’enlèvement ou d’une attaque d’un animal ne sont pas exclues. Un appel à témoin est lancé et réceptionne pas moins d’une cinquantaine d’appels sur le week-end.

Le lendemain, les recherches et battues se poursuivent. Une enquête est ouverte et confiée à la section de recherches de la gendarmerie de Marseille. Le maire du Haut-Vernet, François Balique, exclut le kidnapping. “Le Haut-Vernet, c’est un cul-de-sac, on voit tous les passages de voitures. Vous imaginez, on est en Haute-Provence, un petit village dans lequel il y a une vingtaine de maisons, on voit tout. […] Ici, chaque voiture qui passe est auscultée”, explique l’élu sur franceinfo.

Des fouilles très approfondies

Le lundi 10 juillet, une soixantaine de gendarmes, assistés des pompiers, d’un hélicoptère et de chiens pisteurs poursuivent leurs recherches. Ils sont toujours sans nouvelles du garçon et les secours sont inquiets : le département est placé en vigilance canicule et il y fait extrêmement chaud. Les chances de retrouver l’enfant vivant s’amenuisent donc.

Jusqu’au soir, l’ensemble des maisons du hameau est fouillé. Les bottes de foin nouvellement formées et situées aux alentours du lieu de la disparition sont sondées au détecteur de métaux. Parallèlement, la mère d’Émile, issue d’une famille catholique très pratiquante, publie sur un groupe Facebook un appel à prier pour son fils.

L’arrêt des recherches et la thèse de l’accident

Le 11 juillet, les gendarmes mettent un terme aux battues citoyennes, mais poursuivent leurs investigations. 80 gendarmes et 10 militaires sont mobilisés. À cet instant, la thèse de l’accident avec un véhicule est privilégiée, mais reste à vérifier. Le 13 juillet, alors qu’aucune piste n’a permis une avancée de l’enquête, les recherches cessent, après que les 97 hectares du hameau ont été fouillés. Afin d’éviter la curiosité malsaine, le maire prend un arrêté interdisant la circulation dans le hameau du Haut-Vernet, qui restera en vigueur jusqu’au 31 août et fera de la zone un huis clos pendant plus d’un mois.

Ouverture d’une information judiciaire pour « enlèvement » et « séquestration »

Alors que l’information judiciaire en cours avait été ouverte le 18 juillet pour la « recherche des causes de la disparition », elle est requalifiée fin juillet par le parquet d’Aix-en-Provence en « enlèvement, arrestation, détention et séquestration arbitraires ». D’après le procureur de la République, cette requalification ne signifie pas que les enquêteurs disposent de nouveaux éléments, mais permet des actes judiciaires plus approfondis.

25 enquêteurs sont mobilisés à temps plein sur cette affaire et ont mené une trentaine d’auditions. Ils ont également analysé les 1 600 lignes téléphoniques présentes sur place lors de la disparition.

Une reconstitution, huit mois après

Bond dans le temps : voilà près de neuf mois que le petit garçon a disparu, et aucune piste sérieuse ne permet de faire avancer significativement l’enquête. Une mise en situation est alors organisée le 28 mars dernier pour rejouer cette soirée du 8 juillet 2023. Juges d’instruction, enquêteurs et avocats sont présents sur place, entourés de la famille d’Émile, mais aussi de 17 personnes convoquées pour l’occasion, toutes présentes dans les environs lors de la disparition du garçonnet. Tout se fait sans présence de caméras ni de journalistes, la zone ayant été interdite d’accès et de survol. Après dix heures de reconstitution, les enquêteurs sont assez avares sur les résultats, mais il ne semble pas y avoir d’avancée significative dans l’enquête.

Des ossements d’Émile retrouvés à proximité de son lieu de disparition

Deux jours seulement après la reconstitution, même s’il ne semble y avoir aucun lien avec cette reconstitution d’après des sources proches du dossier citées par franceinfo, des ossements du petit garçon sont retrouvés. C’est une randonneuse qui passait dans le coin qui a aperçu ces ossements. D’après les derniers éléments communiqués ce samedi par le parquet d’Aix-en-Provence, il s’agirait du crâne du petit garçon. Ce qui est sûr, c’est que ces ossements ont été analysés par les équipes scientifiques de la gendarmerie nationale, qui confirment qu’ils portent l’ADN d’Émile. Cette découverte interroge, d’autant que le maire de la commune l’assure : le lieu où ont été découverts ces ossements avait été fouillé lors des premières recherches. Des investigations complémentaires ont donc été lancées pour tenter de comprendre les circonstances de la mort du garçonnet.

Hugo Petitjean