Aller au contenu

Offensive sur Rafah : « massacre », cessez-le-feu et bombardements, comprendre la situation à Gaza

Offensive sur Rafah : « massacre », cessez-le-feu et bombardements, comprendre la situation à Gaza

Depuis le 6 mai, l’armée israélienne a lancé une offensive sur Rafah, à Gaza, qualifiée par Tsahal d’« opération antiterroriste », tandis que l’ONU redoute un « massacre ». Le point complet sur la situation.

Selon António Guterres, chef de l’ONU, la situation à Rafah, bombardée par Tsahal où sont massés 1,4 million de Gazaouis, reste alarmante. Le secrétaire général des Nations unies avertit qu’un « assaut sur Rafah serait un cauchemar humanitaire ». Israël a fermé les points de passage humanitaires de Rafah et Kerem Shalom, lançant une opération militaire aérienne et terrestre sur Rafah. Netanyahu soutient ces offensives, appelant à les poursuivre « jusqu’à la victoire absolue ». Le gouvernement israélien justifie cette « opération antiterroriste » par la présence de « 4 bataillons du Hamas à Rafah ».

Pourquoi Israël lance-t-il une offensive militaire sur Rafah ?

Rafah subit d’intenses bombardements depuis le 6 mai : environ cinquante frappes de bombes lourdes et de missiles de précision sont recensées. Peu avant, l’armée israélienne avait lancé des tracts en arabe demandant aux civils d’évacuer vers les zones humanitaires comme Al-Mawasi. L’UNRWA (organisme de sauvetage des populations palestiniennes, rattaché à l’ONU) annonce que « 80 000 personnes ont fui Rafah ».

Dans le même temps, une brigade de chars israélienne a pris le contrôle d’une zone allant jusqu’à la municipalité de Shokat as-Sufi, au sud de Rafah, entre les frontières israélienne et égyptienne, fermant au passage les points de passage humanitaire de Rafah et de Kerem Shalom. Ce dernier sera finalement rouvert le 8 mai après que l’ONU a réclamé leur réouverture « immédiate », même si Israël craint que ces passages aux frontières soient utilisés à des fins terroristes. Ces frappes surviennent après qu’une dizaine de roquettes ont été lancées depuis la zone de Rafah le 5 mai contre le kibboutz de Kerem Shalom, tuant quatre militaires israéliens et en blessant onze autres.

Tsahal justifie également cette offensive par une « opération antiterroriste » dans des zones « spécifiques » de Rafah, visant à éliminer des « infrastructures terroristes et des tunnels » utilisés par le Hamas pour le déplacement de combattants, le stockage d’armes et les postes de commandement. Israël indique avoir éliminé 20 combattants du Hamas dans ces frappes, et avoir détruit une centaine d’infrastructures militaires utilisées par les terroristes. Les hôpitaux de Rafah annoncent le décès de plus de 27 civils, dont six femmes et neuf enfants, ainsi que 280 blessés. De nombreux bâtiments et maisons ont également été endommagés ou détruits.

« Conditions de la trêve pas satisfaisantes » : l’échec d’un cessez-le-feu

Pourtant, quelques jours avant le début des frappes, l’organisation terroriste du Hamas avait accepté et signé une trêve proposée par le Qatar et l’Égypte. Cet accord de 42 jours de trêve comprenait trois phases. Durant la première, le Hamas s’engageait à libérer trois otages par jour à partir du septième jour de cessez-le-feu, contre 30 prisonniers palestiniens par otage rendu. Au 8 mai 2024, environ 132 otages sont encore détenus par le Hamas dans la bande de Gaza, dont des civils et des militaires israéliens et étrangers.

Pour la deuxième phase, le Hamas libérerait des soldats israéliens, contre 50 prisonniers palestiniens retenus par Israël. Durant la phase finale, Israël devait se retirer des zones qu’il contrôle de Kerem Shalom à Gaza, tout en démontant ses infrastructures militaires. Israël a jugé que « les conditions de la trêve n’étaient pas satisfaisantes », notamment en ce qui concerne les otages. De plus, Israël est déterminé à continuer de réduire de manière significative la capacité opérationnelle du Hamas.

Israël souligne que quatre bataillons de l’organisation terroriste se trouvent encore à Rafah, le dernier endroit de la bande de Gaza où se retrancheraient, d’après les renseignements israéliens, des combattants du mouvement islamiste. Dans une vidéo diffusée sur le réseau social X (anciennement Twitter), le Premier ministre israélien a déclaré que ces opérations militaires se poursuivront « jusqu’à la victoire absolue ». Les négociations pour un cessez-le-feu ont repris ce mercredi 8 mai au Caire en Égypte, mais se sont achevées sans avancée réelle.

34 904 civils palestiniens tués selon le Hamas, et Gaza devenue une « ruine »

Depuis la série d’attaques terroristes menées par le Hamas le 7 octobre 2023 sur le territoire israélien et ayant causé la perte de 1 143 vies, dont 767 civils comprenant 40 Français, les forces israéliennes ont lourdement bombardé la bande de Gaza et mené des opérations terrestres permettant de contrôler environ 50 à 60 % de ce territoire en mai 2024. Selon le dernier bilan communiqué par le ministère de la Santé contrôlé par le Hamas, 34 904 palestiniens sont morts, dont environ 25 000 femmes et enfants, et plus de 78 000 ont été blessés.

Le journaliste Madjid Zerrouky a survolé l’enclave palestinienne en avril et décrit « les ruines » et le paysage « lunaire ». Après sept mois de bombardement par l’armée israélienne, le centre satellitaire des Nations unies a dévoilé les images vues par satellite et a comptabilisé les dommages dans la bande de Gaza : plus de 88 000 bâtiments sont endommagés ou détruits, soit un tiers de l’ensemble des bâtiments de l’enclave. 

La moitié des bâtiments de santé, de culte ou encore éducatifs sont détruits ou endommagés depuis le 7 octobre. 61 % des établissements hospitaliers sont touchés, la majorité situés à Gaza City. Toujours d’après les chiffres de l’UNOSAT, 31 000 bâtiments sont totalement détruits, dont des quartiers résidentiels, des hôpitaux, des administrations, des écoles, ou encore des stations d’épuration et d’essence. 

Des constructions essentielles pour la capacité à fournir des soins de santé adéquats, à avoir accès à l’eau potable, au droit à l’éducation. Un ensemble nécessaire au bon fonctionnement d’une société, sans eux une augmentation du chômage et la pauvreté sont à craindre. En raison de la limitation des passages aux points d’ouverture en Égypte, l’aide humanitaire apportant du matériel médical ou encore de la nourriture est considérablement réduite. Dans un communiqué, l’ONU a alerté sur le risque « imminent » de famine qui concerne 2,2 millions de personnes.