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Connu pour ses discours au vocabulaire très soutenu, Emmanuel Macron a étonné ce mardi 4 janvier avec sa phrase adressée aux non vaccinés, qui peut plaire ou déplaire.
Une phrase choc, que l’on peut trouver étonnante de la part d’un chef d’État. Ce mardi 4 janvier, le Président Emmanuel Macron accordait une interview au journal Le Parisien, dans laquelle de nombreux sujets ont été abordés : il a répondu aux questions des lecteurs du quotidien sur l’Europe, l’écologie, la sécurité, la gestion de la crise sanitaire, le nucléaire… et, bien sûr, la vaccination. Deux heures d’entretien dont la plupart des journaux et des lecteurs n’ont retenu qu’une poignée de secondes : la phrase du Président « Moi, je ne suis pas pour emmerder les Français. Je peste toute la journée contre l’administration quand elle les bloque. Eh bien là, les non-vaccinés, j’ai très envie de les emmerder« . Une « aubaine » pour l’opposition, qui s’est empressée de transmettre sur les réseaux sociaux son indignation, comme certains français : 6 sur 10 pensent qu’un Président « ne devrait pas dire ça », d’après un sondage Odoxa pour Le Figaro. Le Gouvernement, lui, soutient les propos d’Emmanuel Macron. Gabriel Attal, porte-parole du Gouvernement, a déclaré :
« La question qu’il faut se poser c’est ‘qui emmerde qui ? […] Ce sont ceux qui s’opposent aux vaccins […] Les propos du président de la République sont très en deçà de la colère d’une très grande majorité de Français »
Gabriel Attal
Pour autant, le Président n’est pas revenu sur ses propos, et a même dit les « assumer » ce vendredi 7 janvier lors d’une conférence de presse à l’Élysée.
« On peut s’émouvoir sur des formes d’expression qui peuvent paraître familières, que j’assume totalement. Moi je m’émeus de la situation dans laquelle nous sommes. La vraie fracture du pays est là«
Emmanuel Macron
Alors, on peut se demander si les propos d’Emmanuel Macron n’étaient pas irréfléchis mais bel et bien une stratégie politique en vue de sa réélection en mai…
Des propos calculés ?
Nier le statut de « citoyens » aux non-vaccinés peut être un pari risqué pour sa réélection… sauf que seulement 5 millions de personnes n’auraient pas encore reçu une dose de vaccin, ce qui représente, au final, peu de français. De plus, avant d’être publiée, l’interview a été relue par des conseillers de l’Élysée, qui n’ont pas modifié cette partie. Pour Rémi Lefebvre, politologue, « Tout cela est pensé, la stratégie est millimétrée« . Une stratégie d’un Président qui « descend dans l’arène » pour protéger tous les français grâce au vaccin, d’après l’Élysée… on est bien loin des clichés sur Emmanuel Macron, dit aimant s’exprimer de manière soutenue !
« Je suis fier d’avoir un président qui va dans l’arène et qui parle aux Français dans leur langage »
Bruno Bonnel, député LREM, sur Europe 1 le 5 janvier
Le Premier Ministre, Jean Castex, a, lui, affirmé entendre les propos du Président de la République « partout » : Il « dit tout haut ce que les Français pensent tout bas« , pour François Patriat.
Enfin, Emmanuel Macron a réussi, avec cette phrase, à revenir au centre du jeu politique. Tous les médias, politiques et français ne parlent plus que de lui, comme avec Eric Zemmour il y a quelques semaines. D’ailleurs, malgré ce tollé, le Président sortant resterait en tête au premier tour des élections Présidentielles, avec 26% d’intentions de vote, d’après un sondage Ipsos Sopra-Steria dévoilé ce vendredi.
Mal vu à l’étranger…
Pour autant, à l’étranger, les propos du Président ont été jugés comme une manœuvre électorale maladroite. « La virulence vulgaire de Macron contre ceux qui ne sont pas vaccinés dévoile la vraie nature du green pass [l’équivalent du pass sanitaire en italie, ndlr] […], une mesure de chantage et discriminatoire », d’après le député italien Andrea Delmastro, qui ajoute que « Macron est très compétent dans l’emmerdement ».
Stratégie ou dérapage ? L’avenir nous le dira !
Rendez-vous aux urnes les 10 et 24 avril pour élire notre futur Président de la République !