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Tout savoir sur le procès de l’attentat de Nice, qui s’ouvre ce lundi

Tout savoir sur le procès de l’attentat de Nice, qui s’ouvre ce lundi

Plus de six ans après le terrible attentat sur la promenade des anglais à Nice, qui a coûté la vie à 86 personnes, le procès s’ouvre aujourd’hui à la cour d’assises spéciale de Paris, pour plusieurs mois.


L’assaillant de ce drame avait été tué lors de l’attentat, et sera donc le grand absent de ce procès. Les magistrats vont examiner durant plus de trois mois les responsabilités de 7 hommes et 1 femme, membres de son entourage ou intermédiaires, accusés d’avoir aidé à la fourniture des armes.

Rappel du drame

Les faits se sont produits le 14 juillet 2016, jour de fête nationale en France, sur la très fréquentée promenade des anglais, à Nice, rempli de monde ce soir-là en ce jour de fête.

Aux environs de 22h35, le feu d’artifice vient tout juste de se terminer, lorsqu’un camion blanc de 19 tonnes fonce délibérément, et à toute allure, dans la foule rassemblée, et fauche des centaines de personnes sur les plus de 30 000 présentes. Le bilan de l’attentat est lourd, 86 personnes sont tuées, dont 15 mineures, plus de 400 sont blessées physiquement, et des milliers resteront traumatisées. La course meurtrière du véhicule s’achève au bout de 2 kilomètres, après 4 minutes et 17 secondes. Le conducteur, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, reste dans le camion et va même tirer plusieurs fois sur les forces de l’ordre avant d’être abattu après plus d’une minute. Deux jours après le drame, le groupe jihadiste Etat islamique (EI) revendique l’attentat dans un message audio. Cependant, les enquêteurs n’ont jamais établi de lien entre le groupe et le terroriste.

Que sait-on de l’assaillant ?

Il s’appelle Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, c’est un Tunisien de 31 ans, qui habitait à Nice depuis 2007 avec son épouse. Professionnellement, il alternait des périodes de chômage avec des jobs de conducteur et de déménageur. Il était chauffeur livreur depuis 2014, et père de trois enfants. Il se serait radicalisé quelques mois avant l’attaque, minutieusement préparée.

Qui sont les accusés ?

Sept hommes et une femme seront jugés devant la cour d’assises, mais seulement trois sont poursuivis pour « association de malfaiteurs terroriste ».

  • Mohamed Ghraieb, Franco-Tunisien de 46 ans, a entretenu « une relation de camaraderie », avec Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, selon ses propres mots. Il a, pendant l’instruction, reconnu être monté avec lui dans le camion de l’attaque quelques jours avant les faits, mais clame son innocence. Il est accusé d’avoir été « pleinement conscient » de l’adhésion de son ami à « à l’idéologie nihiliste du jihad armé », même si les enquêteurs n’ont pas réussi à déterminer s’il était informé du projet d’attentat. Il comparaît sous contrôle judiciaire.
  • Chokri Chafroud, également ami de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, est lui en détention provisoire, accusé d’avoir circulé avec ce dernier sur la promenade des Anglais à bord du même camion, le 12 juillet 2016, lors de repérages. Il est également accusé d’avoir effectué des démarches pour lui fournir une arme de poing.
  • Ramzi Arefa, est lui accusé de s’être « associé » avec Mohamed Lahouaiej-Bouhlel dans sa recherche d’armes. Franco-Tunisien de 27 ans, il aurait exercé un rôle d’intermédiaire entre l’assaillant et d’autres accusés poursuivis pour trafic d’armes. Il est en détention provisoire.

C’est le seul à être jugé en état de récidive légale et à encourir la réclusion criminelle à perpétuité. Les deux autres risquent jusqu’à vingt ans de prison.

Les 5 autres accusés comparaissent pour « des infractions de droit commun ». Ce sonr des infractions considérées comme « ne portant pas atteinte à l’ordre politique, à la sûreté de l’Etat ».

  • Artan Henaj, 44 ans, Libanais
  • Maksim Celaj, 30 ans, Libanais
  • Endri Elezi, 30 ans, Libanais
  • Enkeledja Zace, 48 ans, Albanaise
  • Brahim Tritrou, 37 ans, Tunisien

Les quatre premiers sont poursuivis pour « participation à une association de malfaiteurs et infractions à la législation sur les armes ».

Le cinquième est également poursuivi pour « association de malfaiteurs et infractions à la législation sur les armes ». C’est lui qui aurait servi d’intermédiaire entre un des Albanais et Ramzi Kevin Arefa.

Il a bien reconnu avoir mis les deux hommes en contact, mais affirme que ce n’était que pour une vente de cocaïne. Un mandat d’arrêt a été décerné contre lui le 9 juillet 2020. Il sera donc jugé en son absence.

Le procès de Nice… À Paris

C’est le deuxième procès de ce type, après celui des attentats du 13 novembre 2015. Il se tiendra dans la salle construite dans l’ancien palais de justice de Paris, sur l’île de la Cité, imaginée pour pouvoir accueillir ces « grands procès », équipée de matériel pour enregistrer le procès, pour les archives historiques.

Pour les parties civiles, le procès sera retransmis au palais des Congrès Acropolis de Nice, dans une salle pouvant accueillir 500 d’entre elles. Une deuxième, d’une capacité de 200 places, sera consacrée au public et aux journalistes.

Jean-François Ricard, procureur du parquet national antiterroriste / BFMTV

Plus de 3 mois de procès

Le procès s’ouvre ce lundi 5 septembre à 13h30, et va durer un peu plus de trois mois. L’audience débutera par une présentation générale des faits et de l’enquête, puis par les auditions des experts techniques, du médecin légiste et des témoins cités par les parties civiles. Le président de la République et le ministre de l’intérieur en fonction ce soir-là, François Hollande et Bernard Cazeneuve, seront tout deux interrogés. Les premières auditions de parties civiles auront lieu du 21 septembre au 21 octobre. Trois jours seront ensuite consacrés à l’assaillant, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, entre le 25 et 28 octobre.

Les avocats de parties civiles plaideront entre le 28 novembre et le 2 décembre, avant le réquisitoire du parquet national antiterroriste et les plaidoiries de la défense, du 6 au 9 décembre auront lieu. Le verdict est prévu le vendredi 16 décembre.