Pour clore la séquence de la réforme des retraites et des émeutes, Emmanuel Macron avait choisi de déployer une initiative politique d’envergure. C’est ainsi qu’a eu lieu, ce 30 août, loin des caméras et avec les téléphones éteints, un entretien entre le président de la République et les représentants des onze groupes politiques au Parlement. Ils ont échangé sur l’éventualité de référendums, l’éducation, la situation internationale et les institutions… Que retenir de ces douze heures de discussions ?
« J’ai eu l’impression de vivre 12 heures sur la planète Mars »
C’était ce mercredi 30 août à 15 heures. Les douze représentants des partis politiques présents au Parlement avaient été convoqués par le président à la Maison d’Éducation de la Légion d’Honneur de Saint-Denis. Au programme : la situation internationale, l’éducation, la cohésion sociale, et les
réformes institutionnelles. Les membres éminents de la Nupes sont tous arrivés ensemble avec l’intention de mettre en avant la crise écologique et sociale, tout en évoquant la question des salaires et de l’inflation.
À droite comme à l’extrême droite, la priorité était avant tout de mettre en lumière les sujets liés à l’immigration et au pouvoir d’achat. Jordan Bardella, chef du Rassemblement National, a plaidé en faveur d’un référendum pour « reprendre le contrôle » de l’immigration. Une proposition qu’il a soumise au président, et qui a été immédiatement répondu par le président par la loi sur l’immigration de la majorité présidentielle, lors de la réunion.
La rencontre s’est finalement terminée au bout de douze heures. Manuel Bompard, représentant de La France Insoumise, a eu « l’impression de vivre 12 heures sur la planète Mars ». Une déception partagée par l’écologiste Marine Tondelier, estimant qu’il n’y a « rien de nouveau sous le soleil ». Le chef du RN s’assure être « sceptique », un avis quasi similaire à celui d’Éric Ciotti, Président des Républicains, qui s’est dit « pas convaincu ». Pour la majorité présidentielle, c’est une toute autre histoire, on se félicite d’une journée qui pourrait « marquer l’histoire politique », comme l’a rapporté Olivier Véran, porte-parole du gouvernement.
Des référendums bientôt ?
Dans sa lettre d’invitation, Emmanuel Macron évoquait déjà l’idée d’un référendum. Une idée magique pour relancer le deuxième volet du quinquennat du président ? Christophe Béchu, Ministre de la Transition écologique, rêve d’un référendum où plus d’une dizaine de questions seraient posées.
Olivier Véran est sur la même longueur d’onde, proposant plusieurs référendums organisés le même jour. La patronne des écologistes raconte que le président a dit qu’il ne savait pas ce qu’était un « préférendum », un type de référendum à l’image d’un questionnaire à choix multiples, avec plusieurs thématiques. Le porte-parole du gouvernement répond que le « président est ouvert à l’idée d’un référendum ».
Une proposition faite par les chefs de la Nupes, soumettant l’idée d’un référendum sur la loi sur les retraites, aussitôt balayée par le président, à qui la proposition a été présentée de nombreuses fois depuis son élection en 2017 et ne semblant pas l’intéressé, sans doute marqué par le « non », écrasant à la suite du référendum de 2005. Interrogée sur d’éventuelles autres rencontres.
L’opposition répond : « on en doute sérieusement ». De quoi laisser supposer que la Nupes boudera d’éventuels autres rendez-vous. En revanche, une autre réunion aura bien lieu, l’Élysée réunira effectivement le Conseil national de la refondation le 7 septembre. Un organisme fondé par le président afin de rassembler associations et syndicats. Cette réunion donnera-t-elle naissance à des actions concrètes ? Seul
l’avenir le dira.