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Sri Lanka : « Le peuple se bat contre le gouvernement »

Sri Lanka : « Le peuple se bat contre le gouvernement »

Alors que l’Ukraine et Taïwan ont fait la une de tous les médias, le Sri Lanka est, lui aussi, touché de plein fouet par une crise économique et politique depuis fin 2021 dont les répercussions se font déjà sentir dans la population. Kasundi Hashara, jeune sri-lankaise de 17 ans, nous en parle.

File:Sri Lankan economic crisis 2022.jpg - Wikimedia Commons
Ces personnes attendent plusieurs heures pour remplir des bouteilles de gaz de pétrole liquéfié à Colombo, la capitale du Sri Lanka – Mai 2022 – Wikimédia Commons/AntanO

C’est une crise économique historique à laquelle fait face l’île de l’Océan Indien, la plus importante depuis son indépendance en 1948. « Nous sommes aujourd’hui confrontés à une situation sans précédent […] Nous sommes en grand danger« , a déclaré le 3 août le nouveau Président du Sri Lanka, Ranil Wickremesinghe, après que Gotabaya Rajapaksa, qui était jusqu’alors Président et accusé comme responsable de la crise, ait été contraint de démissionner et de fuir le pays suite à de grandes manifestations. En juillet, l’inflation au Sri Lanka avait atteint les 60,8 % ! Mais d’après des économistes indépendants, elle aurait largement dépassé les 100 %…
Les attentats djihadistes d’avril 2019, qui avaient fait plus de 250 morts, suivis de la crise du Covid-19, n’ont d’ailleurs pas aidé le pays, en impactant ses recettes touristiques, un pilier de l’économie sri-lankaise. Le pays n’a rouvert aux touristes français qu’en 2021.

Kasundi Hashara nous en dit plus…

Kasundi Hashara a 17 ans. Elle vient de Bandarawela, une ville du Sud du Sri Lanka. Elle aime lire des romans, aimerait devenir avocate… et elle a acceptée de répondre à nos questions sur la situation dans son pays.

AR1 – Que se passe-t-il en ce moment au Sri Lanka ?

Kasundi Hashara – Aujourd’hui, le pays souffre d’une pénurie de carburant, l’importation de véhicules est rendue impossible à cause de la crise du dollar au Sri Lanka. Les prix des produits de première nécessité augmentent de jour en jour. La roupie sri lankaise (notre monnaie) va flotter sur le marché mondial [NDR : cela signifie que le taux de change est amené à varier]. Ces jours-ci, le FMI (Fonds monétaire international) a entamé des discussions pour aider au développement du pays et essayer de rembourser nos emprunts.

AR1 – Quand cela a-t-il commencé ?

K.H. – En décembre 2021.

Les sri-lankais vivent actuellement une situation pitoyable et malheureuse.

Kasundi Hashara

AR1 – Quelle est la cause de ces évènements ?

K.H. – Les hommes politiques ont détourné des dollars à des fins personnelles, comme acheter des propriétés à l’étranger. À cause de cela, nous n’avons pas assez d’argent pour acheter des biens d’origine étrangère, comme du carburant, des produits alimentaires… Le peuple se bat contre le gouvernement et le président et le vice-président ont été poussés à démissionner.

File:Anti-government protest in Sri Lanka 2022.jpg

Manifestations anti-gouvernement contre l’ancien Président Gotabaya Rajapaksa – Avril 2022 – Wikimédia Commons/AntanO

AR1 – La qualité de vie des sri-lankais est-elle impactée ?

K.H. – Oui, nous sommes obligés de rester à la maison en raison de la pénurie de carburant qui touche les véhicules. Nous devons tous utiliser les transports publics et des plateformes d’enseignement en ligne […] ont été mises en place.

AR1 – Que pensent les sri-lankais de la situation dans leur pays ?

K.H. – Les sri-lankais vivent actuellement une situation pitoyable et malheureuse, parce que le pays n’est pas stable face à l’avenir.

J’espère que cette crise économique sera résolue le plus rapidement possible.

Kasundi Hashara

AR1 – Et toi, que penses-tu de cette situation ?

K.H. – Je pense que la situation de notre pays est mauvaise. Cela affecte profondément nos projets d’avenir, car cela touche les services de santé, les activités éducatives, etc. J’espère que cette crise économique sera résolue le plus rapidement possible.


D’après le nouveau président sri-lankais, les négociations avec le FMI devraient permettre la mise en place d’un programme de sauvetage de quatre ans. Le pays aurait besoin, d’urgence, d’au moins quatre milliards de dollars afin de financer l’importation des produits de première nécessité et remédier aux pénuries auxquelles fait face le pays. 

Merci à Kasundi Hashara pour avoir répondu à nos questions.