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Élections sénatoriales : Les enjeux d’une élection méconnue des Français

Élections sénatoriales : Les enjeux d’une élection méconnue des Français

Une élection cruciale approche, et pourtant, elle passe inaperçue. Les sénatoriales, méconnues du grand public, sont pourtant essentielles pour la démocratie. En coulisses, la NUPES et Les Républicains sont sous pression, tandis que Marine Le Pen vise la formation d’un groupe au Sénat.


C’est quoi les sénatoriales et comment ça marche ?

Le Sénat a une image clairement désuète auprès des Français. Celle d’un hémicycle rempli de sénateurs âgés et dont personne ne parle. Pourtant, cette chambre examine et modifie les lois proposées par les groupes parlementaires. En cas de désaccord, une « navette parlementaire » peut avoir lieu jusqu’à ce qu’un consensus soit atteint. Dernière étape, c’est au président de promulguer la loi.

Le Sénat a aussi une mission de contrôle du gouvernement, notamment au travers des commissions d’enquête et des questions au pouvoir exécutif. Toutefois, le Sénat ne peut pas renverser le gouvernement, comme le peut l’Assemblée Nationale avec la motion de censure bien connue depuis le débat sur la réforme des retraites. Ce parlement contrôle l’application des lois.

Cette chambre a aussi un rôle plus discret de représentation des collectivités locales, des départements et des régions. La chambre est chargée d’examiner les impacts d’un projet de lois sur ces territoires locaux.

Contrairement à l’Assemblée Nationale, les sénateurs sont élus différemment. Les circonscriptions comptent un nombre variable de sénateurs à présenter selon la taille de la collectivité. Un ou deux sénateurs, et c’est un scrutin majoritaire à deux tours. Tandis que plus de deux sénateurs impliquent un scrutin proportionnel plurinominal, où les électeurs choisissent des listes de candidats au lieu de candidats individuels, avec des sièges attribués en fonction des pourcentages de votes.

Les citoyens ne choisissent pas directement leurs sénateurs. Un collège électoral de 162 000 grands électeurs, principalement issus des conseils municipaux, ainsi que des conseillers régionaux et départementaux, députés et sénateurs, votent pour nos sénateurs, favorisant ainsi les partis traditionnels tels que le PS et LR, qui conservent un fort ancrage local et peuvent se permettre d’obtenir plus de sièges au Sénat.

La NUPES mise à rude épreuve

La coalition de la gauche de Jean-Luc Mélenchon est en forte tension. Au vu des élections sénatoriales, communistes, écologistes et socialistes ont formé des listes communes dans plus d’une dizaine de circonscriptions. Sur les 170 sièges à renouveler pour cette élection de septembre, La France insoumise, jusqu’ici absente dans les bancs du Sénat, ne demandait qu’un seul siège. Une demande totalement ignorée par ces autres partis de gauche.

Dans un communiqué, LFI a proclamé le « retour d’une gauche anti-NUPES », voire même anti-LFI. Le parti de l’ex-candidat à la présidentielle dénonce une volonté de faire passer l’intérêt de certains partis de gauche avant l’intérêt commun. Une coalition donc en état de crispation à moins d’un an des élections européennes de 2024, qui donneront clairement la température politique avant les présidentielles.

À droite, ça coince aussi

Les Républicains, pourtant grands gagnants de ces élections sénatoriales, font pourtant face à une pagaille dans leurs rangs. Les barons de LR veulent pourtant éviter toute dissipation, le souvenir encore marqué par la présence de cinq listes à droite dans les Hauts-de-Seine. Cette année, on devrait assister à la même situation, sauf revirement de dernière minute.

Exclus d’une liste, le sénateur de Paris, Pierre Charon, a décidé de se lancer avec sa propre liste : « Libérons Paris ! ». C’est ce type de liste dissidente que Les Républicains veulent échapper, voulant surtout donner une image d’union.

C’est à travers ce scrutin que plusieurs sénateurs ont décidé d’aller prendre le pouls en région en vue de l’élection présidentielle de 2027. Remettre leur programme et leurs valeurs au centre du débat politique, seul l’avenir dira si cette stratégie s’avérera concluante pour la bataille de l’Élysée.

L’extrême droite veut sa part du gâteau

Marine Le Pen, qui avait vu ses deux seuls sénateurs, Stéphane Ravier et Sébastien Meurant, partir chez « Reconquête ! », l’ex-patronne du Rassemblement National espère désormais obtenir un vrai groupe. Le président du Sénat, Gérard Larcher, avertit d’une poussée du RN et prévoit que ce parti serait capable de gagner « 5 à 10 sièges ».

Même si le parti d’extrême droite a perdu plus de 600 sièges dans les mairies de plus de mille habitants lors des dernières élections municipales, le RN reste bien ancré sans mal dans quelques territoires du Nord et des Pyrénées-Orientales, notamment avec la prise de Perpignan, mais aussi de nombreux élus dans les Hauts-de-France. Le groupe de Marine Le Pen aura très certainement au moins un sénateur, le reste est compliqué étant donné le faible nombre d’élus locaux.