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Le suicide, cette épidémie silencieuse et mortelle qui sévit chez les jeunes

Le suicide, cette épidémie silencieuse et mortelle qui sévit chez les jeunes

En plein novembre bleu, une épidémie ignorée continue de sévir. Chaque année, 6 734 hommes se suicident, soit 561 chaque mois, 18 par jour. Parmi eux, des milliers de jeunes. Le suicide est-il toujours aussi tabou, en particulier chez les hommes qui sont les plus concernés ? Décryptage de cette réalité dévastatrice pour mieux comprendre les enjeux et briser le silence qui entoure cette épidémie.

Un désespoir invisible

Nous sommes toujours au cœur du Movember, un événement mondial et annuel visant à sensibiliser les hommes aux problèmes de santé, en particulier les cancers des testicules et de la prostate. Ainsi qu’à la santé mentale, trop souvent oubliée parmi la population masculine. Chaque année, 500 000 hommes mettent fin à leur vie à travers le monde

Dans l’Hexagone, en 2020, 6700 hommes sont morts par suicide, contre près de 2200 femmes, selon l’INSERM. Bien que ces chiffres soient légèrement en baisse, ils restent stables depuis la fin des années 1980. En France, c’est la septième cause de décès, selon les derniers chiffres transmis par l’IHME (Institut de mesure et d’évaluation de la santé).

La détresse de la jeunesse

Chez les jeunes, le sujet est tout aussi préoccupant. Selon un sondage de Ramsay Santé datant de 2020, 2 jeunes sur 3 ont déjà envisagé de mettre fin à leurs jours, un chiffre en nette augmentation depuis le début de la pandémie de covid-19 en 2020. 

La détresse des jeunes est exacerbée par une méconnaissance des services de soins, puisque seuls 1 sur 5 des jeunes âgés de 15 à 25 ans connaissent une association pouvant leur apporter du soutien. Cet aspect est particulièrement souligné dans la même étude, les personnes interrogées étant majoritairement en accord sur le fait qu’aucune association n’est en mesure de leur fournir un soutien affectif humain pour faire face à leur état. 

La faute au Covid ?

Dans une autre étude parue dans Letters research pediatrics, des chercheurs ont observé une augmentation de +300 % des tentatives de suicide chez les enfants de moins de 15 ans durant la pandémie de COVID-19 (l’étude a été menée sur les données de surveillance du suicide chez les enfants, en se basant sur 830 enfants admis aux urgences pédiatriques de l’hôpital Robert Debré à Paris, entre janvier 2010 et avril 2021).

Même si elle ne représente que la surveillance d’un seul hôpital dans un secteur défavorisé, et donc plus à risque de gestes suicidaires, elle constitue un signal du mal-être des jeunes et des étudiants soulevé durant cette période. Les confinements répétés entre 2020 et 2021 ne sont pas l’unique cause de cette augmentation de la détresse chez les jeunes.

La solitude et le stress engendrés par cette période exceptionnelle n’ont fait qu’exacerber les problèmes de santé mentale chez les jeunes, notamment ceux liés aux troubles anxieux et à la dépression, qui touchent, d’après Santé publique France, trois millions de Français. Il n’y a pas de réponse unique et simple à apporter.

Des causes multifactorielles 

Chez les jeunes, les tentatives de suicide diffèrent totalement de celles des adultes. Les fluctuations hormonales pendant l’adolescence peuvent contribuer à des changements émotionnels rapides et intenses, influençant la prise de décisions impulsives. Cela est particulièrement lié au cortex préfrontal, l’une des dernières parties du cerveau à mûrir, perturbant la manière dont les jeunes évaluent les risques, prennent des décisions et gèrent leurs émotions. Cela génère un sentiment de ne jamais pouvoir sortir d’une situation de détresse. La solitude liée à la stigmatisation des maladies mentales chez les jeunes les isole et les empêche d’accéder facilement aux services de soutien, en particulier dans des situations telles que le harcèlement scolaire ou la violence domestique. 

Les psychiatres et les psychologues sont également difficilement accessibles pour ces jeunes en souffrance. Il est difficile de trouver un professionnel de la santé mentale, surtout dans les déserts médicaux, ce qui ne fait qu’aggraver l’état des personnes souffrant de maladies mentales.

Les hommes face aux codes de la société

Le suicide demeure toujours un tabou dans nos sociétés occidentales, et cela est encore plus marqué chez les jeunes. Selon les spécialistes, les jeunes filles ont davantage tendance à recourir à des médicaments pour exprimer une souffrance psychique, ce qui engage beaucoup moins leur pronostic vital lors de leurs tentatives de suicide. En revanche, les garçons ont tendance à utiliser des méthodes plus létales dans leurs tentatives. Cette réticence des hommes à exprimer leur détresse peut partiellement découler des codes socioculturels qui les encouragent à dissimuler leurs émotions et à ne pas extérioriser leurs difficultés émotionnelles.

Si vous vous trouvez en situation de détresse, êtes préoccupé par quelqu’un en proie à des pensées suicidaires, ou si vous êtes affecté par un suicide, vous pouvez appeler le 3114, le numéro national de prévention du suicide. Ce service est gratuit, joignable 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24.