Aller au contenu

Sida : retour sur 40 ans de lutte et de victoire

Sida : retour sur 40 ans de lutte et de victoire

Sida : retour sur 40 ans de lutte et de victoire

C’était il y a 40 ans. Le sida venait tout juste d’être découvert, le monde faisait face à l’émergence dévastatrice d’une épidémie qui allait changer à jamais le cours de l’histoire. Exploration de quatre décennies de combats acharnés, de persévérance, et peut-être de lueur d’espoir.

Un début sous la forme d’un séisme mondial

Depuis son instauration en 1988, la journée mondiale du sida se tient le 1ᵉʳ décembre. Elle vise à sensibiliser à cette maladie. L’histoire du sida remonte au 5 juin 1981, quand une étude du Morbidity and Mortality Weekly Report du Centre pour le contrôle des maladies lançait l’alerte sur des cas de pneumonie chez des patients homosexuels, dont trois avaient déjà succombé. Puis, un mois plus tard, une nouvelle revue du CDC révélait de nouveaux cas de pneumonie et de cancer mystérieux, toujours chez des patients hommes homosexuels. C’est un véritable séisme qui secoue le monde médical, qui commence à comprendre qu’une nouvelle maladie totalement inconnue est en train d’apparaître.

Le « syndrome gay »

Le « cancer gay » ou la « pneumonie gay », comme nommé à l’époque, se propageait à une vitesse alarmante à travers le continent américain. Au sein des communautés homosexuelles, on décrivait une véritable « hécatombe », le tout enveloppé dans un silence complet. À cette époque, l’homosexualité était une orientation sexuelle fortement stigmatisée et stigmatisée d’avantage lors de la révélation publique du VIH.

Manifestation en faveur des droits des homosexuels lors de la convention nationale du parti démocrate à New York, le 11 juillet 1976 dans un contexte de montée du Sida. Warren K. Leffler.

De plus, les modes de transmission de cette nouvelle maladie n’étaient pas encore connus, ce qui a conduit la communauté homosexuelle à faire face à des préjugés et à la discrimination. Certains étaient même perçus comme des parias, limités dans leur accès aux soins de santé, aggravant ainsi la situation sanitaire.

Ce n’est que deux longues années plus tard que l’Américain Robert Gallo et le Français Luc Montagnier ont indépendamment isolé le nouveau rétrovirus dans des échantillons prélevés sur des patients atteints du sida. Malgré les controverses, le Virus de l’Immunodéficience Humaine a été officiellement nommé par un comité international en 1986. Des campagnes de prévention ont alors émergé, mettant en avant le fameux préservatif qui reste aujourd’hui un moyen simple et sûr de se protéger contre les maladies sexuellement transmissibles.

Jusqu’à 51 millions de décès depuis sa découverte

L’Organisation mondiale de la Santé estime que de 32 à 51 millions de personnes sont décédées suite à la contraction du VIH depuis 1981 à travers le monde. Il s’agit de la pandémie la plus meurtrière de l’époque moderne, surpassant largement les grippes asiatiques et d’Hong Kong survenues au milieu du XXe siècle, qui ont fait, selon les estimations maximales, 4 millions de victimes. À titre de rappel, la pandémie de Covid-19 a causé environ 7 millions de décès selon les chiffres officiels, bien que d’autres données fassent monter le total à 20 millions, restant toutefois nettement inférieur à la pandémie du VIH.

Pourquoi n’y a-t-il pas de vaccin ?

Alors, comment ce virus a-t-il pu faire autant de morts sans que, encore aujourd’hui, il n’y ait de vaccin ? Comment expliquer que 800 000 personnes continuent d’en mourir chaque année ? Première réponse : le VIH s’est développé dans des foyers de population particulièrement stigmatisés, en particulier chez les homosexuels. La surreprésentation de cas au sein de la communauté LGBT au début des années 80 s’explique par les rapports sexuels anaux, susceptibles d’entraîner des lésions muqueuses et d’accroître le risque d’infection sans protections.

Deuxième réponse : le VIH est un virus particulier qui ne tue pas directement son hôte, comme le ferait le COVID-19 par exemple. Il affaiblit le système immunitaire de l’organisme, rendant le corps plus sensible aux infections. Sans système immunitaire, certains cancers peuvent d’ailleurs se développer.

Dernière réponse : le VIH touche aujourd’hui principalement les populations africaines et d’autres pays sud-américains et asiatiques, où la population vit parfois dans une extrême pauvreté. Même si, à notre époque, des traitements permettent de contrôler et de diminuer drastiquement la charge virale du VIH dans le corps d’une personne, ces traitements demeurent chers et difficilement accessibles pour des pays en très grande pauvreté.

Il existe également des inégalités économiques et sociales au cœur de ces pays accentuant, par exemple, l’accès aux soins, à l’éducation et à des moyens de prévention efficaces. En Europe, dont la France, le nombre de cas est en chute drastique depuis les dernières décennies, même si la tendance se stabilise à des niveaux toujours malheureusement élevés. Dans l’Hexagone, c’est environ 400 à 500 personnes qui meurent du VIH chaque année, contre plus de 3 000 dans les années 1990. Cette stabilisation a été rendue possible grâce aux campagnes de prévention en grande partie.

© Graphique : Guillaume Jauseau – AR1

Sans oublier que s’il est si difficile de trouver un vaccin contre le VIH, c’est parce qu’il présente une très grande variabilité : il est très diversifié et a une capacité à muter très rapidement. De plus, les modèles animaux reproduisant fidèlement l’infection par le VIH chez les humains sont limités. La recherche et le développement de vaccins sont coûteux et exigent des ressources financières importantes.

Le vaccin à ARN, une lueur d’espoir

En 2023, les vaccins à ARN suscitent de l’espoir dans le domaine médical. Récemment, des vaccins à acides nucléiques ont montré des résultats très prometteurs chez la souris. Désormais, il sera nécessaire de tester leur efficacité chez le primate, comme l’annonce la revue Molecular Therapy Nucleic Acids. L’approche du vaccin à ARN présente des avantages, car elle permet une adaptation plus rapide aux mutations virales. De plus, ce type de vaccins n’utilise pas de virus vivants, ce qui les rend potentiellement plus sûrs, notamment chez les populations immunodéprimées.