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Mesures de Gabriel Attal pour l’école : les élèves et les enseignants très sceptiques

Mesures de Gabriel Attal pour l’école : les élèves et les enseignants très sceptiques

Mesures de Gabriel Attal pour l’école : les élèves et les enseignants très sceptiques

Redoublement, groupes de niveaux, mise en place de nouvelles réformes : le ministre de l’Éducation nationale a sorti l’artillerie lourde pour faire face à la chute du niveau scolaire en France. Malgré tout, syndicats de professeurs et lycéens ne voient pas d’un bon œil ces nouvelles annonces.

Gabriel Attal, souhaite un « véritable électrochoc », alors qu’une enquête du programme PISA relève une chute drastique du niveau des élèves français en mathématiques, sciences et lecture depuis l’après-Covid. Le classement des écoliers de l’Hexagone a baissé de 21 points depuis 2018, soit la perte la plus importante depuis le lancement des études Pisa en 2000. Réponse du ministre de l’Éducation face à ce constat : une véritable batterie de mesures pour relever le niveau des écoliers français.

Des réactions mitigées, voire pessimistes

Questionné par AR1, le syndicat du Mouvement national lycéen répond que la « plupart des mesures sont faisables », mais se questionne sur « leur pertinence ». Charlotte Moisan, secrétaire générale du MNL, annonce que ces nouvelles mesures sont perçues comme « stressantes » pour les lycéens, en particulier pour les terminales en raison des changements de notation pour le baccalauréat. Une même « inquiétude » émane des étudiants, selon la secrétaire générale, qui parle aussi du passage du brevet : « Ça va encore rajouter du stress aux élèves », déclare-t-elle.

Le syndicat Sgen-CFDT se montre encore plus sévère. Contacté par AR1, il dénonce des mesures « pas souhaitables pour la plupart d’entre elles, et non plus réalistes », à cause du « budget proposé pour l’éducation nationale l’année prochaine ». Un budget qui connaîtra pourtant une hausse historique en 2024, avec une augmentation de 3,9 milliards d’euros. Interrogée sur la faisabilité de ces mesures, la CFDT répond : « Ça va être compliqué à mettre en œuvre » et voit un « système éducatif très fragile ». Pour le MNL, ces annonces sont encore « trop floues » et risquent de « creuser davantage les écarts entre les élèves en difficulté et ceux ayant plus de facilité ».

Entre manque de moyens et de professeurs

Les syndicats répondent tous que le manque d’enseignants est à déplorer. « Il y a beaucoup de suppressions de postes annoncées », regrette Catherine Nave-Bekhti, secrétaire générale du Sgen-CFDT. « On n’arrive pas à recruter. […] On a des contacts dans des académies où il y a des classes sans professeurs de français pendant six mois », rapporte-t-elle. En 2023, il y avait dans toute la France 853 700 enseignants du public au privé sous contrat, selon les chiffres de l’Éducation nationale. Des chiffres en chute drastique par rapport aux années précédentes. Le nombre de démissions est, lui aussi, très élevé, passant de 399 en 2012 à 2 411 en 2021. 

Les syndicats lycéens se désolent, eux aussi, du nombre insuffisant d’enseignants, ainsi que des « fermetures d’écoles », et constatent un « manque de moyens, pas assez de sorties scolaires, des salles de classes en état de salubrité, et un matériel de pas grande qualité ». Pour les profs, ce manque de moyens se fait aussi ressentir dans la détérioration de l’accompagnement aux élèves : « Le temps enseignant n’y accorde pas beaucoup de place », souligne Catherine Nave-Bekhti.

Des programmes trop chargés

Que ce soit du côté des lycéens ou des enseignants, on déplore des « programmes trop chargés », risquant de compliquer l’assimilation des connaissances. Les inégalités sociales sont aussi une des grandes appréhensions des syndicats qui craignent que les récentes mesures « empirent » la situation.

Les groupes de niveaux et le redoublement sont aussi des éléments qui, selon la CFDT, vont « agrandir les inégalités entre les élèves […] ça déclenche chez beaucoup une illusion d’incompétence ». De manière plus générale, le syndicat n’attendait pas grand-chose de ces mesures. « On est dans le réactif et non dans la construction. Tous les ans, il y a de nouvelles réformes, tous les ans ça change ».

Comment construire l’école de demain ?

Pour le Sgen-CFDT, il faudrait construire une « politique durable ». Pour le MNL, les solutions sont simples et claires : « plus de profs, un allègement des programmes, de plus petits effectifs en classe, plus de sorties scolaires, la cantine et les transports scolaires gratuits ». Sans ces mesures, le syndicat lycéen redoute un futur où les « écarts entre étudiants se creusent encore plus », et estime que les « meilleurs élèves seront privilégiés ».

Des mesures « complètement contradictoires pour une école plus inclusive ».

Catherine Nave-Bekhti, secrétaire générale du Sgen-CFDT à AR1.

C’est aussi un constat partagé par les professeurs. Pour une école plus inclusive, il faudrait, selon eux, que les « élèves reviennent à un fonctionnement collectif ». Un système mis à mal par la pandémie de Covid-19. Interrogé sur le nouvel outil d’intelligence artificielle, la CFDT se demande « MIA Seconde qu’est-ce qu’on en fait ? C’est un outil supplémentaire, encore », et dénonce une mesure « sortie du chapeau. C’est très particulier comme manière de procéder ».

Questionné enfin sur la mixité sociale, le syndicat de professeurs ne dit pas non et y voit même une solution pour « améliorer le climat scolaire et permettre aux élèves les plus fragiles de progresser sans faire baisser ceux les plus performants. L’égalité entre élèves est une attente forte du corps professoral », conclut le syndicat.

Une grève ce mardi pour les lycées professionnels

Suite à ces annonces, un appel à la grève a été lancé par les syndicats d’enseignants de la voie professionnelle ce mardi 12 décembre. Ils dénoncent notamment un décret visant à réformer les épreuves du baccalauréat ainsi que la restructuration de l’apprentissage théorique et pratique pour les classes de terminale.

Plus précisément, il est demandé aux élèves de choisir entre les six semaines de stages traditionnellement proposées et six semaines de cours au lycée. Cette réforme suscite la colère des enseignants qui la considèrent comme « contre-productive », arguant que les élèves de terminale n’auront pas un « bagage académique assez solide », selon le secrétaire académique du Snetaa-FO. La raison de la suppression de 170 heures d’enseignement en terminale.

Pour la majorité des élèves, le choix est rapidement fait, la plupart préférant s’orienter vers le monde professionnel. D’autant plus que les stages sont rémunérés à hauteur de 100 euros par semaine, soit 600 euros pour six semaines. L’ensemble des organisations syndicales demandent le retrait de cette réforme du lycée professionnel.