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[Européennes] Immigration, Palestine, FBI européen, taxe carbone : le programme du Parti Fédéraliste, présenté par Yves Gernigon

[Européennes] Immigration, Palestine, FBI européen, taxe carbone : le programme du Parti Fédéraliste, présenté par Yves Gernigon

[Européennes] Immigration, Palestine, FBI européen, taxe carbone : le programme du Parti Fédéraliste, présenté par Yves Gernigon

Parmi les figures méconnues de ces élections européennes, Yves Gernigon se distingue en tant que défenseur du fédéralisme à travers son parti. L’Europe devrait-elle viser un statut fédéral ? L’immigration est-elle incontrôlable ? Quelles sont les solutions contre la précarité croissante ?

Yves Gernigon, président du Parti fédéraliste européen depuis 2011, se présente à nouveau en tant que tête de liste de ce parti pour les élections européennes. Lors du précédent scrutin européen de 2019, sa liste n’avait recueilli que 0,05 % des votes. À 53 ans, ce breton a occupé divers postes avant de se lancer en politique, notamment celui de gestionnaire d’une agence de communication institutionnelle et financière.

C’est quoi le fédéralisme ?

Focus : Le fédéralisme européen est au cœur de votre programme. Pourriez-vous expliquer précisément ce qu’est le fédéralisme ?

Yves Gernigon : « Le fédéralisme consiste à attribuer uniquement certaines compétences régaliennes à l’Union européenne, telles que la défense, la justice ou encore l’ordre public. Nous plaidons pour une défense européenne, la gestion des frontières par l’Europe et une diplomatie européenne. »

Focus : Quels seraient les changements concrets si l’Europe adoptait un système fédéral ?

Yves Gernigon : « Nous bénéficierions d’une défense européenne, notamment via la production d’armement et l’autosuffisance dans ce domaine. Une Europe fédérale permettrait d’avoir une diplomatie commune, ce qui renforcerait notre position vis-à-vis des grandes puissances. »

« Il faut mettre fin au massacre à Gaza par la diplomatie »

Focus : Comment réagissez-vous aux récents blocages de Sciences Po par des étudiants pro-Palestine ?

Yves Gernigon : « Nous sommes plutôt contre les blocages. Bien évidemment, nous devons avoir une liberté académique, et le gouvernement n’a pas à réglementer le fonctionnement des grandes écoles. Là, on empêche des gens d’entrer dans l’école, c’est en dehors de la liberté académique. »

Focus : La France Insoumise s’est exprimée contre l’interventionnisme militaire dans la bande de Gaza. Comment votre parti envisage-t-il l’action de la France et de l’Europe dans des conflits internationaux, comme celui entre Israël et la Palestine ?

Yves Gernigon : « Il est clair que c’est une option diplomatique que nous devons entamer. Faire en sorte qu’Israël arrête son action dans la bande de Gaza est une nécessité urgente pour nous. Il faut y mettre fin. C’est une action qui va trop loin de la part d’Israël. Nous voulons une diplomatie commune pour réguler ce genre de problèmes. C’est notre dernière chance pour que l’Europe avance. »

Israël va trop loin dans sa riposte à Gaza.

Yves Gernigon

Focus : Raphaël Glucksmann a été empêché de participer à la manifestation du 1ᵉʳ mai à Saint-Étienne suite à des jets d’œufs et de peinture par certains militants. Quelle est votre réaction à cet événement ?

Yves Gernigon : « Je suis pour toutes les libertés, y compris celle de manifester et d’exprimer des opinions. Je n’aime pas quand on censure des débats, notamment l’intervention de Jean-Luc Mélenchon et Rima Hassan à la fac de Lille ; je trouve cela inadmissible, mais c’est aussi l’arroseur arrosé. L’extrême gauche est assez prompte à censurer des débats quand cela la gêne, comme dans leur combat contre CNews. »

« Mon message aux jeunes : pensez optimiste »

Focus : Pourquoi la jeunesse devrait-elle voter pour vous et que prévoyez-vous pour elle ?

Yves Gernigon : « Nous nous engageons à 200 % pour la continuité et le développement du programme Erasmus. Je demande à la jeunesse de ne pas croire aveuglément les messages négatifs et culpabilisants des médias mainstream. Lancez-vous dans la politique. »

« Nous continuerons de soutenir le Pacte Vert »

Focus : Les chercheurs recommandent une réduction significative des émissions de gaz à effet de serre dans les années à venir pour atténuer les conséquences du réchauffement climatique. Quelles mesures comptez-vous prendre si vous réussissez à faire élire des représentants au Parlement européen ?

Yves Gernigon : « Nous ne sommes pas du tout climatosceptiques. Effectivement, il est incontestable que nous enregistrons des hausses de températures. Cependant, concernant les causes, nous devons rester modestes quant à notre connaissance. Il y a nécessité d’agir contre les émissions de gaz à effet de serre. Notre proposition : abonder dans le sens du Pacte Vert, une initiative majeure de l’UE visant à atteindre la neutralité carbone de l’Europe d’ici 2050. »

Focus : Concernant les énergies renouvelables, maintiendrez-vous votre soutien à leur expansion dans les États membres ?

Yves Gernigon : « Oui, bien sûr, c’est une nécessité de développer l’éolien et l’hydroélectrique. Nous œuvrerons à Bruxelles dans cette optique. »

Focus : Comment peut-on concilier la croissance économique et la préservation de l’environnement ?

Yves Gernigon : « Nous agirons dans les normes, qui doivent être acceptables, notamment dans l’agriculture, en diminuant les normes de ce secteur. Il nous faut des objectifs clairs, mais réalistes. »

« Nous voulons mettre en place un FBI européen »

Focus : Dans le contexte où la sécurité est de plus en plus prépondérante dans nos sociétés européennes, quelles priorités fixeriez-vous en la matière ?

Yves Gernigon : « Nous sommes fédéralistes, donc la question de la police est un sujet qui revient aux États. Nous aimerions bien mettre en place un FBI européen, ce serait une police qui aurait le pouvoir d’agir sans demander la permission aux États de pouvoir agir au sein de l’Union. »

Focus : Que proposez-vous pour lutter contre le terrorisme au sein des frontières de l’UE, tout en prenant en compte l’existence de Schengen ?

Yves Gernigon : « Nous sommes pour l’espace Schengen, mais le problème, c’est que nous avons aboli les frontières intérieures sans protéger les frontières extérieures. Nous voulons un garde-côte et de frontière européen, en donnant plus de moyens humains et financiers à Frontex, l’agence européenne chargée du contrôle des frontières de l’espace Schengen. »

« Il y a des gigantesques dépenses inutiles »

Focus : Comment proposeriez-vous de répondre à la problématique de la pauvreté et du chômage, sachant qu’en 2022, l’Union européenne comptait 72 millions de personnes vivaient en dessous du seuil de pauvreté monétaire selon les données d’Eurostat ?

Yves Gernigon : « Je n’ai pas de baguette magique. C’est l’action au plus près du terrain qu’il convient de mettre en route concernant la lutte contre la pauvreté et le chômage. »

Jamais notre liste ne proposera d’augmenter les impôts. 

Yves Gernigon

Focus : Comment peut-on renforcer les services publics essentiels comme l’éducation ou la santé pour les populations les plus précaires ?

Yves Gernigon : « Il y a des économies de fonctionnement en interne à faire, notamment dans les administrations centrales. En tout cas, nous ne toucherons pas à la sécurité, la santé et l’éducation. »

« Autrefois, les migrants venaient pour travailler, maintenant ils arrivent pour rejoindre leur famille »

Focus : En 2022, d’après l’OCDE près de 7 millions de personnes ont choisi de migrer vers l’Union européenne. Selon vous, ce nombre est-il excessif ?

Yves Gernigon : « Nous avons une immigration qui ne correspond plus à rien, à aucune logique. Dans les années 1950/60, nous avions des gens qui quittaient leur pays pour occuper un travail qui contribuait à la reconstruction de l’industrie française. Aujourd’hui, on a des gens qui rentrent sans but de travail. Nous n’avons plus besoin d’autant de main-d’œuvre. »

Focus : À l’inverse, Giorgia Meloni, présidente d’extrême droite du Conseil des ministres italien, a décidé de permettre à 452 000 travailleurs étrangers d’entrer légalement en Italie d’ici à 2025, pour fournir de la main-d’œuvre aux corps de métiers en tension face au vieillissement de la population italienne.

Yves Gernigon : « Certes, mais en même temps, on constate qu’il y a 7 % de taux de chômage en France. Le problème, c’est que nous avons des métiers sous-payés. Comment voulez-vous que des gens se lèvent à trois heures du matin pour aller travailler sur un chantier ou dans un hôpital et être payé au lance-pierre ? »

Focus : Quelles stratégies pourrait-on adopter pour renforcer la gestion des frontières et la régulation des mouvements migratoires, tout en tenant compte des spécificités de l’espace Schengen ?

Yves Gernigon : « D’abord, sachez que la cause est démocratique, et les réfugiés climatiques ne font presque pas partie de ces flux migratoires. Nous n’avons aucun poids face à la transition démographique, par exemple en Afrique. Il faut que les obligations de quitter le territoire français (OQTF) soient réellement appliquées. Il faudra aussi réformer le droit d’asile et s’attaquer aux réseaux de passeurs. »

« Mettre en place une taxe carbone pour renflouer les caisses de l’Europe »

Focus : Quelles stratégies suggérez-vous pour gérer la dette publique de l’Union européenne, qui atteignait toujours, d’après Eurostat, 13 milliards d’euros en 2022, soit 83 % du PIB, sans nuire à la croissance économique ?

Yves Gernigon : « Nous avons vu que nous étions capables de créer des fonds de relance après la crise du Covid pour booster la croissance. Alors, pourquoi ne pas proposer de futurs fonds européens pour relancer le dynamisme économique. Pour nous, chaque pays doit résoudre son problème de dette. »

Focus : Quelles réformes fiscales proposez-vous pour améliorer la compétitivité économique de l’Union européenne sur la scène mondiale ?

Yves Gernigon : « Taxer les produits qui ne sont pas produits de la même manière qu’en Europe nous semble être une bonne piste. Notre liste est aussi en faveur de mettre au pas les géants de la technologie comme Google ou Amazon. Ou encore mettre en place une taxe carbone. »