Il était l’un des plus grands journalistes français. À travers sa carrière à la radio et à la télévision, il a traversé les décennies en interviewant les politiques et les chefs d’État. Jean-Pierre Elkabbach s’est éteint ce mardi 3 octobre à l’âge de 86 ans.
Après l’obtention de son baccalauréat, il poursuit ses études supérieures à Paris à l’Institut français de presse, faculté de Lettres et Institut d’Études Politiques. Il fait ensuite ses débuts sur Radio Alger avant d’intégrer France Inter en 1960.
Plus de 50 ans
En 1970, il devient présentateur du journal télévisé de la première chaîne. En 1972, il rejoint la deuxième chaîne pour y occuper la même fonction jusqu’en 1974, tout en conservant ses activités sur France Inter, avant d’être nommé rédacteur en chef de la station puis rédacteur en chef de la direction de l’information de Radio France.
En 1977, il devient directeur de l’information d’Antenne 2 (aujourd’hui France 2). Dans le même temps, il continue la présentation d’émissions, notamment « Cartes sur table » entre 1977 et 1981 avec le journaliste Alain Duhamel.
Le souvenir de 1981
Considérés par certains comme proche du pouvoir sous Valéry Giscard d’Estaing, Jean-Pierre Elkabbach et plusieurs de ses confrères sont alors dans une position délicate, avec la possible arrivée de François Mitterrand à la présidence en 1981. Des résultats que Jean-Pierre Elkabbach annonce avec Etienne Mougeotte à la télévision ce soir-là.
Nous savions bien, Mougeotte, Duhamel et moi que le soir du 10 mai tous les moindres gestes seraient retenus contre nous.
Jean-Pierre Elkabbach, en 2011
Si l’élection de François Mitterrand a été fêtée et saluée par une grande partie des Français, elle marque aussi un tournant dans la carrière de Jean-Pierre Elkabbach, évincé de l’antenne peu après.
Une carrière chargée
En 1982, il rejoint Europe 1, et devient successivement présentateur, directeur d’antenne, puis directeur général adjoint en 1988.
Il fait ensuite un retour discret à la télévision sur La Cinq en 1991 avec plusieurs magazine, puis sur France 3 en 1992, avant d’être élu président de France Télévisions en décembre 1993, jusqu’en 1996, où il est contraint de démissionner suite à la polémique des contrats des animateurs-producteurs.
De retour sur Europe 1, il est propulsé président en 2005, par Arnaud Lagardère. Contestée au sein de la rédaction, il doit s’expliquer devant le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel en mai 2008, avant de céder sa place.
En juin 2008, il est nommé président de Lagardère News. En avril 2009, il quitte ses fonctions à la présidence de Public Sénat.
Il officie encore une fois sur Europe 1 avec L’interview politique et son émission politique dominicale « Le grand rendez-vous », jusqu’en 2017, où il est évincé. Enfin, le 19 août 2021, Europe 1 annonce le retour de Jean-Pierre Elkabbach sur la station.
Une vie face aux politiques
Au cours de sa longue carrière, il a interviewé les plus grands chefs d’État, de Arafat à Gorbatchev en passant par Mandela, Fidel Castro, Bill Clinton, George Bush, ou Vladimir Poutine.
Succession d’hommages
Jean-Pierre Elkabbach a co-présentée pendant 4 ans l’émission »Cartes sur table » avec Alain Duhamel, qui deviendra par la suite un ami fidèle dans la profession mais aussi sur le plan personnel. Ce dernier lui a rendu hommage sur BFMTV ce mardi soir, il dit « pleuré Elkabbach » et a salué son « incroyable acharnement ».
C’est en très grande partie le monde politique qui rend hommage à Jean-Pierre Elkabbach, à l’image de l’ancien président Nicolas Sarkozy.
Fabien Roussel (PCF), salue lui le « compagnon de route de la Ve République qui aura marqué l’histoire médiatique de notre pays ».
À l’opposé sur l’échiquier politique, le président du Rassemblement national Jordan Bardella, lui a ensuite rendu hommage à celui qui a représenté « plus d’un demi-siècle de journalisme politique et des interviews mémorables ».